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Les fonds sont investis en actions

Dossier | publié le : 01.12.1999 |

Même si la plupart des Britanniques, salariés du public comme du privé, bénéficient d'une retraite complémentaire alimentée par un fonds de pension, la Grande-Bretagne devrait passer un cap difficile dans une dizaine d'années. La faute à la pension de base, qui va sérieusement maigrir.

Au royaume des fonds de pension, le spectre de la pauvreté hante les retraités ! Selon un rapport commandé par le gouvernement de Tony Blair, un tiers des Britanniques pourraient être confrontés à la pauvreté après leur départ en retraite au début du siècle prochain. C'est d'abord la faute, explique le Labour, aux conservateurs, Margaret Thatcher et John Major en tête, qui ont opéré des coupes claires dans l'assurance vieillesse. À telle enseigne que les retraites versées par l'État ne se composent plus aujourd'hui que d'une somme forfaitaire de 667 francs par semaine pour un célibataire et d'une pension complémentaire d'environ 200 francs par semaine. Au regard de l'évolution du pouvoir d'achat des salariés, ces prestations devraient encore diminuer. La pension de base ne devrait plus représenter en 2040 qu'un peu plus de 20 % du salaire moyen, au lieu du tiers aujourd'hui. La démographie en est autant la cause que la méfiance des Tories à l'égard des régimes collectifs de retraite. Reste que les gouvernements conservateurs n'ont cessé d'encourager les salariés, du milieu des années 80 au milieu des années 90, à quitter le régime complémentaire jusque-là obligatoire, le Serps, pour souscrire des plans de retraite individuels auprès de compagnies d'assurances. Une politique qui a provoqué la ruée de plusieurs millions de Britanniques vers des outils de capitalisation plus ou moins fiables. Résultat, environ deux millions de Britanniques ont été grugés, et plus de 500 000 procès intentés par des épargnants floués sont en cours.

Force est de constater aussi que le système de fonds de pension à la britannique n'a pas apporté une réponse totale aux carences de l'État. D'abord parce que tous les Britanniques n'y ont pas accès. Même s'il existe environ 150 000 fonds de pension, la capitalisation ne concerne « que » 10,5 millions de salariés sur 35 millions de travailleurs britanniques. Un rude coup d'arrêt à son développement a même été donné en 1988 quand le gouvernement Thatcher a rendu facultative l'adhésion des salariés au régime complémentaire. Un autre lui a été porté en juillet 1995 quand, tirant les leçons de l'affaire Maxwell, le Pension Act a introduit des contraintes nouvelles dans la gestion des fonds de pension. En tout état de cause, les chefs d'entreprise sont libres de créer, mais aussi de mettre fin à leur fonds de pension. Le moindre retournement conjoncturel peut les dissuader de s'en doter ou les inciter aux économies, même si les carottes fiscales sont attrayantes : le principe de base qui guide en effet les fonds de pension britanniques est la déductibilité des cotisations des employeurs des bénéfices de l'entreprise. Quant aux salariés, leurs propres cotisations sont déductibles de l'impôt sur le revenu. Par ailleurs, les plus-values des caisses de retraite échappent à l'impôt. Des avantages que le fisc britannique n'a de cesse de rogner.

80 % des salariés du public sont couverts

Autre limite des fonds de pension outre-Manche, ils sont majoritairement investis sur les marchés de capitaux, en particulier celui des actions. Non seulement le risque financier existe, mais la bonne santé de la Bourse n'est pas obligatoirement synonyme de prospérité pour les retraités. Dans ce régime à prestations définies, le montant des pensions n'évolue pas en fonction du rendement des capitaux investis. Seule garantie pour les salariés, les fonds de pension ne sont pas gérés par les entreprises, mais par des trusts, des entités juridiquement distinctes dont les administrateurs sont désignés par l'employeur et où la représentation des employeurs n'est pas obligatoire. Une indépendance toute relative dans le cas du groupe Maxwell ! Le magnat de la presse britannique avait détourné les capitaux déposés sur le fonds de pension de son groupe pour renflouer plusieurs de ses sociétés, dilapidant au passage 4 milliards de francs et ruinant près de 35 000 épargnants.

Les trusts placent leur argent où bon leur semble, mais les employeurs ont tout intérêt à ce que les placements soient judicieux, leur contribution dépendant du niveau des rendements boursiers. Paradoxalement, les fonds de pension britanniques ne sont pas l'apanage du secteur privé. Plus de 80 % des salariés du public sont couverts, alors que la moyenne avoisine 50 % pour l'ensemble des salariés. Le fonds de la poste britannique (Post Office), qui garantit aux salariés ayant travaillé pendant quarante ans une pension équivalant à la moitié de leur dernier salaire et une prime de départ d'une fois et demie le salaire annuel, est d'ailleurs l'un des cinq premiers en termes de valeur boursière. Encore plus généreux, le fonds de British Telecom accorde une pension représentant la moitié du dernier salaire au terme de trente ans de travail. Pour ces deux fonds, la cotisation des salariés, déductible de l'impôt, représente 6 % du salaire mensuel. Mais cette architecture risque d'être chamboulée. Non seulement le gouvernement Blair songe à remettre en selle un régime complémentaire obligatoire sur le modèle du Serps, mais un nouvel outil d'épargne retraite par capitalisation devrait voir le jour. Produit facultatif, le stakeholder pension serait mis en place dans les entreprises et les branches à l'initiative des chefs d'entreprise, des syndicats… ou des salariés eux-mêmes. Une petite révolution !

Les perspectives des pensions de base sont catastrophiques en Grande-Bretagne. Un homme percevant un salaire moyen et prenant sa retraite en l'an 2000 touchera une pension publique représentant un peu plus du tiers de son dernier salaire.

Mais un Britannique partant en 2030 n'aura droit qu'à une pension équivalente à un quart de son salaire. Et, en 2040, elle ne sera plus que de 20 %.