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Le journal des ressources humaines

La révolte des stagiaires divise les écoles

Le journal des ressources humaines | Formation | publié le : 01.02.2006 | Sylvia Di Pasquale

Face à la fronde des stagiaires, écoles et facultés, directement concernées, sont restées discrètes. Leurs avis sont partagés.

Emplois déguisés » ou « jeunes diplômés exploités » : les stagiaires se rebiffent depuis l'automne. Leur collectif, Génération précaire, réclame une loi, mais Gérard Larcher, ministre délégué à l'Emploi, ne leur propose qu'une charte. Ce qui les laisse sceptiques : « Il en existe déjà des dizaines et elles n'ont jamais empêché les abus », regrette l'un d'eux. Le 16 janvier dernier, Dominique de Villepin est allé un peu plus loin en annonçant une indemnité obligatoire pour les stages de plus de trois mois, toujours exonérée de charges à hauteur de 360 euros (30 % du smic), mais quel que soit le montant versé. « C'est mieux, admettent les contestataires, mais nos revendications restent les mêmes : un vrai statut du stagiaire qui figure dans le Code du travail et une rémunération minimale d'au moins la moitié du smic. »

Cette exigence de reconnaissance est infondée pour certains enseignants, justifiée pour d'autres. Aux yeux de Pierre-Émile Durand, professeur de management à l'Université de Bretagne occidentale : « C'est une révolte saine. Avec l'allongement de la durée des stages, les entreprises confient de véritables emplois aux stagiaires. Mais à un coût mensuel largement inférieur à celui d'un pro. Il faudrait calculer le volume d'heures travaillées offertes aux entreprises… et les emplois que cela empêche de créer. » À Paris I, François Gaudu, en bon professeur de droit du travail, propose des solutions légales. « On pourrait requalifier les emplois déguisés, la jurisprudence existe. Nous sommes en contact avec le collectif pour l'aider dans cette tâche. » Une main tendue qui n'est pas de mise à Nancy, où Renée Brenot, qui s'occupe du placement des stagiaires de l'ICN, est fataliste : « Plus il y a de candidats pour un stage, moins l'entreprise le rémunère. C'est la loi de l'offre et de la demande. Nous regorgeons d'offres bien payées mais non pourvues parce qu'elles sont à la campagne. Les jeunes refusent d'y aller, ils ne sont pas réalistes. »

Toutes les grandes écoles ne sont pas sur la même longueur d'onde. À l'ESA, Frédérique Kauffman, chargée des relations avec les entreprises, estime que « tout le monde est responsable de la situation. C'est aussi aux formations de protéger leurs étudiants contre les abus des entreprises en refusant les conventions de complaisance ou les stages non payés ». À HEC, une entreprise en flagrant délit d'abus est interdite de stagiaires. Mais toutes les écoles n'ont pas le poids du temple de Jouy-en-Josas.

Auteur

  • Sylvia Di Pasquale