Le bras de fer promet d'être dur. Sitôt annoncée par Dominique de Villepin, la création du contrat première embauche (CPE), destiné aux jeunes de moins de 26 ans, a suscité un véritable tollé. En première ligne, un collectif d'une douzaine d'organisations de jeunes et d'étudiants a décidé avec les syndicats de salariés d'une journée d'action commune le 7 février. Du coup, Dominique de Villepin a accéléré de quinze jours l'examen parlementaire du projet de loi sur l'égalité des chances incluant ce dispositif.

L'enjeu pour le gouvernement est crucial. Deuxième étage du plan d'urgence pour l'emploi, le CPE, conçu sur le modèle du contrat nouvelles embauches, comporte une période d'essai de deux ans. Mais, à la différence du CNE, réservé aux entreprises jusqu'à 20 salariés, il va concerner les entreprises de plus de 20 personnes et tous les jeunes, quel que soit leur niveau de qualification. La dernière tentative d'un gouvernement d'instaurer un contrat spécifique pour les jeunes remonte au CIP d'Édouard Balladur, retiré en raison d'une forte mobilisation. Mais il n'est pas du tout certain que le scénario se renouvelle.

Principale inconnue : après des années de chômage massif, l'opinion publique pourrait être séduite par une mesure-choc, d'autant que le CNE a déjà porté ses fruits. « Lorsque le Premier ministre explique que les jeunes mettent une dizaine d'années à entrer dans un emploi stable, cela peut en effet persuader certains d'essayer un nouveau type de contrat, souligne Maryse Dumas, numéro deux de la CGT. Tout le problème pour nous est de convaincre que ce CPE contribue surtout à fragiliser les jeunes. »Mais une seule manifestation ne suffira pas à faire reculer le Premier ministre.