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Retraites : la réforme Fillon n'y suffira pas

Dossier | publié le : 01.12.2005 | François Charpentier, Léa Delpont, Isabelle Lesniak

Voici le moment de tirer un premier bilan de la réforme des retraites votée en 2003. Père de la loi d'août 2003, François Fillon, le ministre de Jean-Pierre Raffarin, s'était en effet fixé l'échéance du 1er janvier 2006 pour rééquilibrer les comptes de l'assurance vieillesse. Et il faut bien reconnaître que l'objectif n'est pas atteint. La croissance n'ayant pas été au rendez-vous, les recettes du régime ont plongé tandis que les dépenses se sont envolées. Pour les mêmes raisons que l'assurance maladie et l'assurance chômage, l'assurance vieillesse est donc dans le rouge plus tôt que prévu. Le transfert imaginé en 2003 – une baisse de la cotisation chômage pour payer la hausse de la cotisation vieillesse – ne s'est pas réalisé. Il faudra donc en passer par une augmentation de 0,2 % de la cotisation à l'assurance vieillesse. Et ce n'est qu'un début. Car le 1er janvier 2006 marque aussi l'arrivée à la retraite de la première génération des baby-boomers. Née après-guerre, elle parvient à l'âge légal de 60 ans. Certes, il n'y aura pas de « choc » démographique, même si la Caisse nationale d'assurance vieillesse escompte un quasi-doublement des liquidations dès l'an prochain. Mais ce pourrait être pire. Les experts expliquent désormais qu'il faut s'attendre à un « plateau » et non à un « pic ». En clair, le déséquilibre des régimes obligatoires se prolongera sur, au moins, trente ans.

Enfin, 2006 marque pratiquement le terme de la réforme des pensions du secteur privé engagée en 1993 par Édouard Balladur. Les salariés vont pouvoir mesurer pleinement les effets sur le montant de leur pension d'un calcul sur vingt-cinq ans de carrière au lieu des 10 meilleures années. Et ça fait une différence. L'écart sera d'autant plus sensible que les générations arrivant à l'âge de la retraite ont été bousculées par la crise économique des années 80. Comme la plupart de ses voisins, la France est entrée pour longtemps dans une zone de turbulences en raison du vieillissement de sa population. Il faudra encore bien des réformes Fillon pour régler d'autres dossiers sensibles, comme la situation des régimes spéciaux et du régime des cadres. Car il arrivera un moment où les entreprises devront choisir entre payer pour la santé, la retraite, la prévoyance, la formation ou l'épargne de leurs salariés. Et l'arbitrage n'ira pas de soi…

Auteur

  • François Charpentier, Léa Delpont, Isabelle Lesniak