logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Livres

Manifeste d'un cégétiste moderne

Livres | publié le : 01.10.2005 | H.G.

Image

Manifeste d'un cégétiste moderne

Crédit photo H.G.

Demain le changement. Manifeste pour un nouveau syndicalismeJean-Christophe Le Duigou.Éditions Armand Colin. 270 pages, 20 euros.

Longtemps expert économique auprès de la confédération, détenteur du rôle de « pacificateur » entre la CGT et les autres syndicats, aiguillon réformiste de Bernard Thibault, interlocuteur apprécié dans les négociations nationales pour sa main de fer dans un gant de velours, Jean-Christophe Le Duigou est un homme complexe, sa réflexion est à tiroirs et le poids de son influence au sein de la centrale cégétiste indéfinissable. L'ambiguïté reste sa marque de fabrique, comme on peut en juger par le titre de l'essai qu'il vient de publier sur la question sociale. On ne sait trop si le dirigeant cégétiste appelle de ses vœux un changement de société, du syndicalisme, ou à l'intérieur de la CGT. En fait, il s'agit des trois. L'auteur nous offre des développements intéressants sur la place du conflit social dans la société, sur la « sociétisation » des enjeux revendicatifs du syndicalisme ou sur la tendance des politiques sociales à se replier sur une « solidarité limitée ». Sa vigoureuse mise au point contre la thématique de la « France fainéante », ainsi qualifiée parce qu'elle aurait un des plus bas taux d'emploi des grands pays occidentaux, fait apparaître de vrais biais dans la manière politicienne – et patronale – d'aborder le sujet. On regrette que ces trésors de subtilité et de pertinence servent à justifier les sinuosités d'une stratégie cégétiste qui peine à trouver son cap.

Autre moment fort : Le Duigou, qui n'est pas pour rien dans l'émergence et le succès de cette antienne cégétiste, s'efforce de définir ce qu'il faut entendre par « sécurité sociale professionnelle ». D'abord, protéger les 7 millions de salariés qui vivent chaque année une situation de rupture professionnelle. Faire en sorte que les droits sociaux reliés à l'exercice d'un emploi ne s'évaporent pas avec ce dernier. Maintenir une forme de lien entre un salarié licencié et son entreprise jusqu'à ce qu'il ait retrouvé un travail. Il propose aussi des mesures pour « éradiquer » les causes de vieillissement prématuré au travail, une réforme du mode de contribution sociale des entreprises et un suivi individualisé des personnes privées d'emploi, allant jusqu'à envisager « des contrôles et des sanctions pour tous ceux qui n'accepteraient pas de respecter les règles ». Le troisième centre d'intérêt de cet essai, c'est bien sûr la vision personnelle que cet observateur avisé exprime des débats du syndicalisme français. Polémique, il oppose le « réformisme de paix sociale », « qui rend acceptables les fractures et les inégalités », auquel il rattache sans le dire la CFDT, au « réformisme d'émancipation » de la CGT, « pour bâtir un progrès de civilisation ». Reste le tour de force de cet ouvrage : rien n'y est dévoilé des débats internes de la CGT, ni sur ceux qui les portent.

Auteur

  • H.G.