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Les maux du syndicalisme français

Livres | publié le : 01.09.2005 | H.G.

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Les maux du syndicalisme français

Crédit photo H.G.

Syndicats : lendemains de crise ? Jean-Marie Pernot Éditions Gallimard. 360 pages, 6,80 euros.

Le syndicalisme français n'est pas très en forme. Naguère objet de toutes les craintes ou de toutes les attentes, le rendez-vous de la rentrée sociale tient désormais du rituel. Loin d'être en mesure de sonner les trompettes de la mobilisation, les grandes centrales syndicales l'abordent, cette année encore, en posture défensive. Chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales (Ires), Jean-Marie Pernot a choisi ce moment pour proposer une analyse sans complaisance des difficultés croissantes que rencontrent nos syndicats. Il souligne à juste titre que le déclin du syndicalisme français s'inscrit dans un mouvement général, à l'échelle européenne, voire mondiale, de « perte générale d'efficacité » des organisations syndicales, même s'il l'a anticipé et amplifié.

Pour le sociologue, on ne peut faire porter au seul syndicalisme le poids des responsabilités dans cette désaffection. Car celui-ci « vit dans une interaction prolongée avec d'autres acteurs, le patronat, l'État, il s'inscrit dans une histoire, dans des règles, dans des rapports sociaux et aussi dans le mouvement des idées qui traversent la société et tissent sa culture ». Reste que toutes les organisations ont consacré depuis une vingtaine d'années une grande partie de leurs forces à leur affaiblissement mutuel, à travers « cette guerre de tous contre tous à quoi se ramènent trop souvent les relations intersyndicales ». Le chercheur de l'Ires illustre cette crise à travers l'échec de la bataille des retraites de 2003, se montrant sévère à l'égard de la CFDT, dont le nouveau positionnement stratégique va à l'encontre de ce qu'il considère comme les fondamentaux de l'action syndicale : c'est-à-dire l'affirmation d'un projet idéologique global et la mise à l'épreuve systématique des rapports de force.

Mais, outre qu'il ne cache rien des faiblesses de la ligne de la CGT ou de celle de FO, l'essai de Pernot va bien au-delà de la distribution de bons ou de mauvais points. Son livre fournit un précieux, et accablant, état des lieux de la division syndicale en France. Un des ses apports les plus originaux porte sur la question de la représentation syndicale. Préférant parler de « fonction représentative », Pernot montre qu'elle comporte plusieurs maillons : les revendications, les soutiens mobilisés, les négociations et, enfin, les résultats. Entre CGT, CFDT ou FO, tout le monde ne met pas l'accent sur les mêmes séquences de cette chaîne de représentation, mais personne n'est capable de les articuler ensemble. Pas question pour Jean-Marie Pernot d'avancer des « remèdes » à cette crise syndicale. S'il reconnaît que les syndicats n'ont pas en main toutes les clés de leur salut, il estime qu'ils en ont encore assez pour redevenir un acteur social qui compte. Prenons-le comme un vœu de rentrée.

Auteur

  • H.G.