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La dame du Medef à pied d'œuvre

Acteurs | publié le : 01.09.2005 | Laurence Parisot

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La dame du Medef à pied d'œuvre

Crédit photo Laurence Parisot

Au travail ! Sitôt élue à la tête du Medef, avec une confortable majorité (271 voix sur 408), Laurence Parisot, la présidente de l'Ifop, a appelé, début juillet, l'organisation patronale à se retrousser les manches. En invitant d'ailleurs ex-candidats et concurrents d'hier, à l'instar de Charles Beigbeder ou Hugues-Arnaud Mayer, à travailler avec elle au sein du conseil exécutif. C'est peu dire que la nouvelle « patronne des patrons » aura besoin de jouer les rassembleuses dans une organisation qui s'est profondément divisée sur le choix du successeur d'Ernest-Antoine Seillière. Plutôt qu'un clivage entre l'industrie, dont Yvon Jacob aurait été le héraut, et les services, auxquels Laurence Parisot aurait servi d'étendard, il faut plutôt parler d'une scission entre l'UIMM, jadis faiseuse de rois, et le reste du monde patronal. Car le patronat de la métallurgie a été incapable de fédérer l'industrie autour de son candidat. Pis, le faux nez de l'UIMM, le Groupement des fédérations industrielles dirigé par Yvon Jacob ne s'est pas rangé sous sa bannière.

Mais si l'Union a perdu la bataille, elle n'a pas perdu la guerre. Au Medef comme ailleurs, c'est l'argent qui en est le nerf, et la métallurgie reste un indispensable bailleur de fonds de l'organisation patronale. Il faudra donc que Laurence Parisot trouve une juste place dans le futur organigramme à Denis Gauthier-Sauvagnac, le vice-président délégué général de l'UIMM. D'autant que le chantier de la future convention d'assurance chômage se profile et que le numéro un de l'UIMM est le négociateur patronal patenté pour cet exercice périlleux. Lors de la prochaine assemblée générale du Medef, en fin d'année, Laurence Parisot aura tout loisir de nommer des personnalités qualifiées au sein du conseil exécutif afin qu'il soit davantage « à sa main », de supprimer le « G4 », le bureau du Medef, et de remodeler l'organisation patronale. À commencer par les groupements de propositions et d'action (GPA), créés par son prédécesseur en 1998 – en lieu et place des anciennes commissions jugées trop puissantes –, qui seront, à l'avenir, moins nombreux et plus spécialisés. La nouvelle présidente du Medef prône un modèle d'organisation « matricielle », mariant « les branches et les métiers avec l'approche territoriale ». Une façon habile de se concilier les fédérations, dont Yvon Jacob était l'émanation, et le réseau territorial, dont Hugues-Arnaud Mayer était le porte-parole. Pour Denis Kessler, le P-DG de la Scor, l'élection de Laurence Parisot signe « la fin des fédérations » au Medef. « Dites-moi, d'ailleurs, à quelle fédération elle appartient ? Personne ne le sait », argumente l'ancien bras droit de Seillière.

L'onde de choc du 5 juillet

Avenue Bosquet, au siège du Medef, dont la nouvelle présidente entend dorénavant fleurir le hall, l'onde de choc de l'élection du 5 juillet s'est aussi fait sentir. Quand Laurence Parisot critique à mots à peine voilés la politique de communication du Medef, évoque un recentrage de la maison sur la prestation de services pour les entreprises et annonce un « renouvellement des équipes et des générations », les permanents, déjà échaudés par un plan social à l'été 2003, courbent l'échine. Au cours d'un meeting de campagne, la présidente de l'Ifop raillait les résultats d'un micro-trottoir réalisé par un quotidien national auprès des salariés du Medef, lesquels craignaient la trop « forte culture d'entreprise » de Laurence Parisot. Si les témoignages des collaborateurs de l'Ifop ou d'Optimum, l'entreprise familiale de fabrication de portes de placards, qu'elle préside depuis 2002, sont très lisses, ceux d'ex-salariés ou de syndicalistes comme Ivan Béraud, le dirigeant CFDT du Betor Pub, sont sévères sur le « management Parisot ».

Mais c'est hors des murs du Medef que l'attendent les plus grosses difficultés. Bien qu'attachée, dit-elle, à la « démocratie sociale », au « paritarisme » et à « la politique contractuelle », la patronne du Medef n'a pas hésité, sitôt élue, à agiter plusieurs chiffons rouges. Celui de la représentativité syndicale, dossier qui, selon elle, doit être « remis à plat ». Et celui, encore plus explosif, de la modernisation du Code du travail. Prouver aux syndicats que « libéral » – un qualificatif qu'elle revendique, tout comme sa proximité avec les idées d'Alain Madelin – ne signifie pas « antisocial » promet d'être une sacrée gageure.

Jean-Paul Coulange

Auteur

  • Laurence Parisot