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Reclasser les salariés tous azimuts

Dossier | publié le : 01.05.2005 | S. D.

Mobilité, revitalisation du bassin d'emploi, essaimage… À coups de formations et de primes, Arc international, qui doit supprimer 2 660 postes d'ici à 2008, fait feu de tout bois pour ne laisser aucun salarié sur le carreau.

Habitués à la gestion paternaliste de l'ancien P-DG Jacques Durand qui leur promettait l'emploi à vie, les 10 500 salariés des Cristalleries d'Arques, rebaptisées Arc international en 2000, ont été sonnés à l'annonce de 2 659 suppressions de postes d'ici à 2008. Confronté à la concurrence des pays à faible coût de main-d'œuvre comme la Turquie, le leader des arts de la table a enregistré en 2003 sa première perte (33 millions d'euros !). Et, malheureusement, 2004 laisse craindre le pire. Le plus gros employeur du bassin de Saint-Omer (Pas-de-Calais) a décidé de délocaliser 20 % de sa production française (soit 85 000 tonnes sur les 395 000 qui sortent des fours d'Arques et de Blaringhem) en Chine, aux États-Unis et dans les émirats arabes unis. L'usine historique du site et quatre autres fours sont condamnés à fermer d'ici à 2006.

Conscient de ses responsabilités hexagonales, Arc international a signé un accord de méthode avec quatre syndicats (syndicat autonome, CFDT, CGC, CFTC) afin de ne laisser personne sur le carreau et d'accompagner le reclassement des salariés concernés jusqu'en 2008. En interne, d'abord, où, après le départ en préretraite de 1 645 ouvriers de plus de 55 ans, Arc va organiser la mobilité de 1 millier de salariés en sureffectif. « Nous allons devoir rapidement établir des passerelles entre nos métiers, notamment pour transmettre le savoir-faire et remplacer certains départs en retraite », explique Marie-Claudine Debuire, la DRH. Les ouvriers pourront bénéficier d'un bilan de compétences et continueront de toucher la même rémunération pendant trois ans. Déjà expérimenté lors de deux plans successifs de sauvegarde de l'emploi, ce vaste transfert de compétences s'appuiera sur un effort accru en formation. Arc va donner la priorité aux 4 500 ouvriers non qualifiés en leur permettant d'acquérir un diplôme de niveau CAP minimum. D'ores et déjà, 44 d'entre eux passent un bac, un BEP ou un DUT.

En externe, la verrerie s'est engagée à participer activement à la revitalisation du bassin d'emploi. Arc international, qui compte 800 métiers (mécaniciens, conducteurs de four, électriciens, jardiniers, cuisiniers, carreleurs…), va transférer 92 chaudronniers, 300 imprimeurs et une dizaine de salariés en robotique, en nouant des contrats de mutualisation avec plusieurs entreprises. « Un diagnostic régional a aussi révélé une pénurie de main-d'œuvre, notamment dans les secteurs traditionnels du bâtiment, de l'hôtellerie et des services de maintien à domicile, raconte Marie-Claudine Debuire. Avec la DRTEFP, nous examinons comment développer l'employabilité externe de nos salariés à travers une intensification de la formation et de la VAE. »

Enfin, Arc international mise sur le départ volontaire de 120 salariés attirés par la création d'entreprise. Les futurs entrepreneurs bénéficieront, en plus d'une prime conventionnelle de licenciement (de 23 000 à 15 000 euros), d'une aide à la formation technique et de l'appui d'un cabinet de conseil. Arc s'engage en outre à verser une somme forfaitaire de 5 000 euros pour chaque emploi occupé par un de ses ouvriers. En espérant que les pertes soient inférieures à 30 millions d'euros en 2005. Auquel cas l'accord de méthode devrait être rediscuté.

Villa Notre-Dame veille aux compétences de ses salariés

Villa Notre-Dame, un centre de rééducation fonctionnelle à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, l'a échappé belle. Menacée de disparition en 2001 par l'Agence régionale de l'hospitalisation, elle devra transférer une grande partie de son activité aux Sables-d'Olonne d'ici à 2010. Si le pire est évité pour les 120 kinés, psychologues, infirmiers, aides-soignants, etc., ils n'en ont pas moins le sentiment de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pour veiller à leur employabilité, leur direction s'efforce depuis quatre ans de généraliser les entretiens individuels. « En partenariat avec l'Aract des Pays de la Loire, nous avons constitué une cartographie de nos métiers et mis en parallèle les savoir-faire nécessaires, note Jean-Baptiste Andreys, le directeur de Villa Notre-Dame. Ensuite, nous examinons avec le salarié les compétences qu'il lui reste à acquérir en fonction de son poste, mais aussi de ses aspirations. » Le centre s'est aussi intéressé au nouveau dispositif de validation de tout ou partie du diplôme professionnel d'aide-soignant pour ses « faisant fonction » affichant cinq ans d'expérience professionnelle. La direction a profité de la démarche d'accréditation initiée en 2001 pour rendre ses salariés coresponsables de leur employabilité.

« L'obtention de l'accréditation est exigeante et nécessite de formaliser un certain nombre de processus, explique Jean-Baptiste Andreys. Nous avons convaincu notre personnel de s'investir en arguant du fait qu'il pourrait toujours monnayer cette expérience ailleurs si, par malheur, il devait chercher un nouvel emploi. »

S. D.

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