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Un expert en maladie au chevet de l'ANPE

Acteurs | publié le : 01.05.2005 | Christian Charpy

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Un expert en maladie au chevet de l'ANPE

Crédit photo Christian Charpy

Jean-Louis Borloo en avait rêvé, Jean-Pierre Raffarin ne l'a pas écouté. Pour succéder à Michel Bernard à la tête de l'ANPE, le ministre de l'Emploi souhaitait un dirigeant issu de l'entreprise. Un chasseur de têtes avait d'ailleurs été mandaté pour trouver l'oiseau rare… Trois mois et quelques rebondissements plus tard – certains candidats ayant capitulé pour des questions de salaire –, l'heureux élu est Christian Charpy, 45 ans, conseiller social du Premier ministre, envoyé à Matignon il y a un an et demi par Philippe Bas, secrétaire général de l'Élysée, pour suivre le délicat dossier de l'assurance maladie. « Il est venu pour cela et il l'a bien géré, résume un membre de cabinet. Même s'il n'était pas en première ligne, puisque ce sont Frédéric Van Roekeghem, l'actuel patron de la Cnam, et Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé, qui ont piloté la réforme. »

Après l'époque des deux Michel – Bon et Bernard –, qui venaient, respectivement, de la direction générale de Carrefour et de celle d'Air Inter pour instiller davantage de logique privée à l'Agence, une page est tournée. Et, à l'heure où l'on évoque un énième remaniement gouvernemental, l'arrivée de Christian Charpy donne de l'eau au moulin des détracteurs du spoil system à la française. « Sa nomination est très politique. Jean-Pierre Raffarin a gagné la partie, même si son conseiller social est un gros bosseur et connaît le dossier emploi par cœur », reconnaît ce conseiller ministériel.

Pour autant, le nouveau patron de l'ANPE, énarque et conseiller maître à la Cour des comptes, conseiller budgétaire de Simone Veil, alors ministre des Affaires sociales, de 1993 à 1994, puis, dans la foulée, directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy, ministre délégué à la Santé, se défend de n'être qu'un homme de cabinet. Pendant près de huit ans il a piloté des établissements publics. D'abord à la direction générale de Radio France internationale, entre 1995 et 1998, puis à la présidence de l'Établissement français du sang. « L'effectif de l'EFS est trois fois moins important que celui de l'Agence, concède l'intéressé. Mais les problématiques sont assez similaires en termes de réseau, de forte déconcentration, de dialogue social… » Ce Malouin, père de six enfants, y a notamment négocié la convention collective. « Il a très bien réussi à manager la boutique », souligne un conseiller ministériel.

Un bon contact avec l'Unedic

Reste à diriger une officine de 23 000 salariés, dotés d'un nouveau statut inspiré du privé, et à contribuer à la baisse du chômage, priorité du gouvernement. Christian Charpy devra rassurer ses troupes : avec la convention à venir entre l'État, l'Unedic et l'Agence, la mise en place du plan Borloo, les maisons de l'emploi, le guichet unique, les motifs d'inquiétudes ne manquent pas. « On a besoin d'un patron de combat, souligne Noël Daucé, du SNU ANPE. Avec la fin du monopole de placement de l'ANPE, l'agressivité des acteurs privés – intérim, outplacement – est réelle. L'Agence conservera-t-elle sa mission de service public ? » Gardera-t-elle aussi son rôle de maître d'œuvre dans sa collaboration avec des prestataires privés sur le reclassement de salariés ? « J'ai une confiance absolue dans les atouts de cette maison qui doit rester un acteur incontournable de l'emploi. Mais elle va devoir développer une logique de partenariat de plus en plus forte », répond le nouveau DG, qui sait qu'il devra travailler encore plus étroitement avec l'Unedic. Ses bons contacts avec Jean-Pierre Revoil, patron de l'assurance chômage, et sa connaissance des partenaires sociaux devraient lui faciliter la tâche.

Conscient que la politique de l'emploi reste l'apanage de l'État, le souhait de Christian Charpy est que « l'ANPE participe davantage à son élaboration ». Son profil devrait plus l'y inciter que celui des on prédécesseur qui goûtait peu aux arcanes de la politique. « Le job de Michel Bernard, c'était de faire tourner l'Agence, pas d'être un visionnaire de l'emploi », rappelle un cadre de la maison. Qu'apportera le fils de Bernard Charpy, bâtisseur de villes nouvelles comme Marne-la-Vallée où il a justement posé ses cartons depuis le 18 avril? « Ce n'est pas un libéral pur sucre. Il n'est ni psychorigide ni caractériel. Il sait écouter », assure un conseiller ministériel. À ce poste, le sens du contact et de la diplomatie ne sera pas de trop.

Sandrine Foulon

Auteur

  • Christian Charpy