« Grâce à la validation des acquis de l'expérience (VAE), j'ai achevé le parcours scolaire que j'avais interrompu il y a dix-huit ans pour faire carrière chez McDonald's », explique, enthousiaste, Martine Cardoso, la responsable du McDonald's de Saint-Maximin, dans l'Oise. Avec, en poche depuis le 22 décembre, une licence de management, elle fait partie des sept premiers directeurs de l'enseigne à bénéficier du dispositif collectif de VAE mis en place avec l'École de gestion et de commerce de Rouen et la CCI de Versailles.

Deux autres promotions, d'une dizaine de cadres, sont prévues en 2005 et, dès l'année suivante, cet effectif devrait augmenter. Échelonné sur quatre mois, le cursus a été choisi en fonction du profil type des directeurs pour leur épargner un retour sur les bancs de l'école. Près de la moitié d'entre eux ont un niveau inférieur au bac et l'immense majorité a débuté comme simple équipier. Pour faire reconnaître leurs compétences en gestion, management et ressources humaines, les candidats doivent présenter un mémoire. La première promotion n'a enregistré aucun échec.

Dans les franchises, comme dans les établissements du groupe, l'engouement pour la VAE a été immédiat. Pourtant, elle n'entraîne pas d'évolution statutaire ou salariale et nécessite un effort important en dehors du temps de travail. Un tiers des 1 000 directeurs français de l'enseigne ont postulé, « principalement pour valoriser leur parcours », explique Marie-Pierre Aït-Benider, la responsable de la formation de McDonald's. Le coût du dispositif – 3 500 euros par candidat – est à la charge de l'employeur. Cela permet de valoriser et de fidéliser un directeur à un stade où les carrières n'évoluent plus. Du côté syndical, même si l'on se réjouit de la mise en œuvre de la VAE, l'appréciation est plus nuancée. « Les salaires restent faibles [2 800 euros brut en moyenne, selon les chiffres de la direction, NDLR] pour des responsabilités très importantes », souligne Pascal Lardy, délégué syndical CFDT.

Pour le groupe, l'intérêt est de professionnaliser les métiers d'un secteur jeune, en pleine croissance, confronté à un turnover important. « Notre stratégie de développement mise depuis toujours sur l'évolution de nos employés », résume Hubert Mongon, le DRH de McDonald's France. En moyenne, les directeurs mettent cinq ans pour gravir les cinq échelons hiérarchiques qui les amènent à ce poste, avec, pour chaque étape, un contenu adapté à leurs responsabilités. Ainsi, le groupe a ouvert en 2002 un centre de formation à Guyancourt, dans les Yvelines, pour ses directeurs et leurs adjoints afin de les former au recrutement ou encore à la gestion des conflits.

Chez McDo, la VAE s'inscrit en complément des politiques de formation, au même titre que le certificat de qualification professionnelle pour les cadres intermédiaires. Le tout constitue un outil de gestion prévisionnel des ressources humaines. Par ailleurs, la VAE permet de redorer l'image sociale de la chaîne de fast-food où la précarité reste la norme. Même si, avec 80 % de directeurs qui ont débuté comme équipiers, peu d'entreprises peuvent concurrencer la politique de promotion sociale du géant du hamburger.