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Enquête

« IL N'Y A PAS ASSEZ DE LOGEMENTS POUR LES EMPLOYÉS »

Enquête | publié le : 01.03.2005 | Sandrine Foulon, Frédéric Rey

La crise immobilière touche-t-elle les actifs davantage que les précédentes ?

Ce n'est plus seulement le secteur de l'hébergement d'urgence ou des personnes très modestes qui est en crise mais aussi le logement des classes moyennes, des salariés qui n'ont pas de gros revenus. Face à cette grave crise de l'offre, notre mission est de doubler le nombre de logements locatifs sociaux dans les cinq ans, de logements conventionnés du parc privé, ainsi que le nombre de primoaccédants à la propriété, notamment pour les personnes gagnant jusqu'à moins de quatre smics.

Le 1 % a-t-il atteint ses limites ?

Les outils de solidarité qui se sont construits après 1945, le 1 % logement, les allocations logement, ont été inventés à une époque de plein-emploi et de reconstruction. La France n'est plus la même. L'apparition de personnes en grande difficulté, de demandeurs d'asile, contribue à accroître les difficultés des populations les plus pauvres. Cela a amené le 1 % à accepter l'idée que l'argent versé par les entreprises ne serve pas exclusivement à leurs salariés, mais aussi à résoudre la crise globale du logement des personnes modestes parce que le secteur est embouteillé. Le 1 % consacre l'intégralité de l'argent au logement. Ce n'était pas le cas auparavant. Aujourd'hui, le 1 % accepte de financer la rénovation urbaine.

Quel est l'impact de cette crise sur les entreprises ?

Dans un contexte de mondialisation et de délocalisations, nous devons favoriser des pôles de compétitivité comme la microélectronique à Sophia-Antipolis. Mais il faut des logements intermédiaires pour les employés.

Et l'offre est insuffisante sur ce segment en France. Il y a corrélation entre l'emploi et le logement. Si ce problème n'est pas résolu en Paca ou en Languedoc-Roussillon, des activités seront dissuadées d'aller s'y implanter.

N'y a-t-il pas contradiction entre le dispositif de Robien, qui permet à des investisseurs de bénéficier d'un avantage fiscal à la location, et les mesures d'encouragement au logement social ?

Le dispositif de Robien a été créé en pleine crise de la construction pour relancer le logement neuf et il a produit ses effets.

En 2004, on a construit en France 360 000 logements neufs de tous types, un record historique depuis quinze ans. On est dans une situation paradoxale avec, d'un côté, un marché immobilier qui ne s'est jamais aussi bien porté et, de l'autre, une crise qui se focalise sur les catégories modestes et moyennes. Avec la mesure de Robien, on vend un produit purement fiscal. Il est nécessaire d'inventer un nouvel amortissement avec des contreparties sociales. Le dispositif de Robien fonctionne tant qu'il y a des gens pour louer. Supposons qu'à Montauban on mette sur le marché 250 appartements de ce type accessibles à des hauts fonctionnaires ou des cadres sup et qu'il y ait une demande pour seulement 100 appartements, quelle sera la solution ? Baisser le prix de location. Si vous louez à des personnes modestes, la rentrée financière est moindre, mais il y aura toujours preneur. Sur le segment haut du marché, on ne trouve plus de locataire. Afin de vaincre l'inquiétude des bailleurs vis-à-vis des impayés, nous allons proposer une mesure pour renforcer les assurances dans la loi « habitat pour tous » qui sera présentée au Conseil des ministres en avril et votée avant l'été.

Quel sera le contenu de ce texte ?

Nous voulons introduire dans la loi la possibilité pour les communes d'imposer un pourcentage de logements sociaux dans tous les programmes de construction d'immeubles. Cette loi doit aussi aider les maires bâtisseurs. Il y a une telle augmentation du coût du foncier qu'il faut lutter contre la spéculation. Je vais créer une taxe sur les terrains à bâtir non bâtis. Enfin, nous devons améliorer les dispositifs sur le droit au logement. Il faut réfléchir à un nouveau produit comme le passeport emploi logement qui donnerait aux jeunes la possibilité de suivre une filière d'apprentissage tout en résolvant leur problème de logement. Cela pourrait aussi favoriser l'implantation d'entreprises.

Si j'ai conçu le prêt à taux zéro amélioré, c'est bien pour les primoaccédants, en particulier les jeunes couples qui démarrent dans la vie active. Les gens ont compris qu'il fallait en profiter maintenant. Il faudrait trouver un tel produit dans le locatif.

Comment promouvoir la mixité sociale et l'équité territoriale ?

En dehors de la région parisienne, où règne le chacun-pour-soi, le problème peut être résolu à l'échelle des agglomérations et plus seulement des villes. Si, dans la communauté urbaine de Lille, chaque commune construisait 20 logements sociaux, on résoudrait la crise. Des logements harmonieusement intégrés à des quartiers, ça ne doit pas poser de problème.

Auteur

  • Sandrine Foulon, Frédéric Rey