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Lafarge bâtit une politique globale

Dossier | publié le : 01.02.2005 | C. M.

Lafarge, qui évolue sur le marché le plus pollueur de l'industrie, est un des pionniers français du développement durable. Mais il s'attache aussi aux aspects sociaux de son activité. En 2003 et 2004, le cimentier a mis sur pied toute une palette d'outils pour aider les managers à décliner à tous les échelons le code de bonne conduite maison.

Si Lafarge est le leader mondial sur le marché des matériaux de construction, c'est aussi l'un des meilleurs élèves en matière de développement durable, dans un secteur qui représente 40 % des nuisances écologiques liées à l'activité économique. « Nous avons comparé les politiques de 15 groupes, et c'est l'un des plus engagés sur ces problématiques, notamment sur la question des ressources humaines et de la transparence », explique Raphaëlle Guarino, experte à l'agence de notation sociale Vigeo. Sam, une autre agence de notation, a classé le groupe en troisième position pour sa politique sociale, le point faible du cimentier en 2003 portant sur la sécurité, tandis que ses efforts d'exhaustivité en matière de reporting étaient soulignés. Pour son cru 2003, où son rapport a été classé au 21e rang mondial par le Programme des Nations unies pour le développement, Lafarge s'est assuré le concours tout à la fois d'experts de l'ONU, de représentants de fédérations syndicales internationales et de son comité de groupe.

L'entreprise française s'est lancée dans ce domaine dès 1992. En 2003, forte de cette expérience, elle a mis en place une architecture destinée à garantir l'application de bonnes pratiques environnementales, mais aussi sociales, dans toutes ses unités. Le cimentier a signé la charte Global Compact de l'ONU, élaboré un code de bonne conduite des affaires et défini un cadre éthique en matière de concurrence. « Nous allons au-delà des exigences réglementaires. Notre stratégie consiste à prendre des engagements forts au niveau du groupe, matérialisés par des chartes et des partenariats avec des ONG, des fédérations syndicales, des institutions, pour appliquer sur le terrain nos valeurs en fonction de la réalité locale », explique Alain Guillen, directeur des politiques sociales de Lafarge.

Obligation de résultat pour les managers

Ainsi, le code de bonne conduite des affaires, appliqué dès 2004 par le groupe, institue l'obligation de résultat pour les managers de site. « Le respect des normes environnementales et sociales adoptées par Lafarge est l'un des six critères principaux sur lesquels ils sont notés annuellement », explique Gaëlle Monteiller, directrice environnement du groupe. Pour mettre en place leur politique de sécurité, de santé et d'accès à la formation, les responsables de site ont à leur disposition toute une palette d'outils. Comme le programme de management santé-sécurité qui a permis une baisse de 17 % des accidents du travail en 2003 et dont le déploiement sera achevé à la fin 2005.

S'ils disposent des réseaux d'ONG partenaires de Lafarge comme WWF ou Care, les managers sont fortement incités à créer des partenariats locaux. « En Chine, avant notre implantation, nous avons travaillé sur les conditions de travail avec les syndicats », explique Patrice Ponceau, membre du comité de groupe européen. En outre, les salariés et leurs représentants disposent d'outils d'information pour faire respecter leurs droits, comme le forum en ligne géré par la Fédération internationale des travailleurs du bois et du bâtiment, ou la ligne téléphonique mise en place par la direction pour recueillir leurs doléances. Par ailleurs, afin de garantir au groupe le respect des valeurs par les sous-traitants, avant la signature d'un contrat, ces derniers doivent répondre à un questionnaire détaillé sur le développement durable. « Pour les marchés très exposés nous procédons à des audits complémentaires », indique Daniela Hahn, directrice des ventes du groupe.

Enfin, Lafarge mène des opérations de développement sur ses territoires d'implantation, à l'instar de celles réalisées avec Care sur le sida en Chine ou, en France, dans le Morbihan, pour développer l'apprentissage. Le groupe multinational ne se prive pas de communiquer sur ses initiatives, mais il met aussi en avant l'argument économique. « En Afrique subsaharienne, par exemple, explique Alain Guillen, notre productivité est tributaire de la lutte contre le sida. Investir dans les territoires, c'est aussi contribuer sur le moyen terme à l'émergence de nouveaux marchés. » En somme, en reprenant à son compte l'épithète « pollueur payeur », Lafarge a mis en place une politique de responsabilité sociale qui, aujourd'hui, n'est plus en contradiction avec ses objectifs de croissance.

Auteur

  • C. M.