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Un financier devenu gestionnaire de crise

Acteurs | publié le : 01.02.2005 | Patrice Chastagner

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Un financier devenu gestionnaire de crise

Crédit photo Patrice Chastagner

Prendre les manettes RH d'un groupe en pleine réorganisation, employant 45 000 salariés de 86 nationalités différentes et travaillant dans 31 pays… la tâche de Patrice Chastagner, 57 ans, n'est pas une sinécure. Mais le P-DG de la filiale française de STMicroelectronics, promu vice-président du fabricant franco-italien de semi-conducteurs, relève le défi avec sérénité. Sa priorité : mobiliser les troupes autour du « changement de modèle économique », signifié voici deux ans par le lancement d'un plan de restructuration et de transfert vers l'Asie des lignes de production traditionnelles. « Il y a beaucoup d'actions à mener pour faire comprendre que c'est une nécessité face à l'évolution des marchés », reconnaît-il.

Cette incompréhension, Patrice Chastagner l'a mesurée lors de la fermeture de l'usine de Rennes, annoncée après sa nomination en 2003 comme P-DG France. De manifestations en occupations et séquestration, pendant dix mois, les 465 salariés rennais se sont opposés au transfert de production. Une fermeture « exagérément qualifiée de délocalisation », estime ce manager à poigne qui a, alors, connu son baptême du feu médiatique et social.

« Il a mouillé sa chemise pour trouver des solutions », reconnaît la CFE-CGC. Même la CGT en convient : « Il est plutôt à l'aise dans la gestion de crise. Il aime la discussion et supporte la contradiction. Il mélange fermeté sur le fond et politesse sur la forme. Et c'est un habitué des négociations avec les pouvoirs publics. » L'intéressé s'avoue, en tout cas, satisfait du taux de reclassements de 75 % et rappelle, pour couper court au débat sur les délocalisations, que les effectifs français de STMicroelectronics sont en hausse en 2004. Principalement en raison de la montée en puissance du site de Grenoble, qu'il dirige depuis 1988, et de son centre de recherche sur les puces du futur, érigé en modèle de collaboration entre industriels et chercheurs.

Dix-sept ans à Grenoble

Ce diplômé de HEC au parcours de gestionnaire n'a jamais coiffé de casquette de DRH de terrain. Ses nouveaux galons récompensent davantage un parcours sans faute au sein du leader européen des semi-conducteurs, depuis sa création en 1987 à la suite du regroupement entre le français Thomson Semiconducteurs et l'italien SGS Microelettronica. En dépit de son « profil atypique » de directeur financier, Patrice Chastagners' est vite imposé sur cette terre d'élection d'ingénieurs : « J'ai apporté un regard neuf, orienté clients et marchés, attaché à autre chose qu'aux seuls aspects techniques », explique ce P-DG France qui a débuté, en 1970, chez Arthur Andersen comme auditeur.

Du cabinet de consulting, il met en 1975 le cap à l'est pour participer, comme directeur financier et administratif, au lancement de Steelcase Strafor, filiale de l'américain Steelcase et des Forges de Strasbourg. En 1983, il rejoint le monde des cosmétiques et l'américain Revlon, devenant directeur financier de la filiale française, puis intègre deux ans plus tard Efcis, filiale de semi-conducteurs du groupe Thomson à la santé alors précaire. Il vivra sa réorganisation, la reconfiguration du groupe Thomson en SGS-Thomson, puis la création du franco-italien STMicroelectronics, passé en dix-sept ans du 15e rang mondial au 5e.

Dès 1988, il prend la tête de l'usine de Grenoble, qu'il n'a eu de cesse de transformer en un des plus importants centres européens pour le développement de circuits complexes. Champion du TQM (management par la qualité totale), il a assuré pendant quelques années la DRH d'une structure interne au groupe, aujourd'hui disparue, regroupant les unités de production dans le monde de produits téléphoniques et de périphériques automobiles. « C'était une fonction transversale. Il ne s'agissait pas de développer des programmes RH. »

C'est « avec un gros pincement au cœur » qu'il quittera la direction de l'usine de Grenoble pour rejoindre les rives du lac Léman et le siège de STMicroelectronics. Mais le P-DG de la filiale française n'a pas l'intention d'abandonner son ancrage isérois. Fin 2004, il a été élu président de l'Udimec, délégation de l'UIMM en Isère et dans les Hautes-Alpes, qui regroupe 600 adhérents. Et il compte bien conduire ce mandat de trois ans à son terme afin de faire profiter les PMI sous-traitantes des transferts de technologie de gros donneurs d'ordres… comme STMicroelectronics.

A.F.

Auteur

  • Patrice Chastagner