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Histoire des gauches en France

Livres | publié le : 01.01.2005 |

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Histoire des gauches en France

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Sous la direction de Jean-Jacques Becker et Gilles Candar. Volume 1 : « l'Héritage du XIXe siècle ». Volume 2 : « XXe Siècle : à l'épreuve de l'histoire ». Éditions La Découverte. Volume 1 : 586 pages, 32 euros ; volume 2 : 778 pages, 37 euros.

Après l'épisode du référendum interne sur la Constitution européenne, l'année 2005 sera dominée, au sein du parti socialiste, par l'élaboration des projets et des programmes, en vue de la bataille de 2007. Pour remettre en perspective les rapports tourmentés entretenus par la gauche politique avec le « peuple de gauche », on peut désormais se reporter à l'ambitieuse Histoire des gauches en France publié sous la direction de Jean-Jacques Becker et Gilles Candar.

Le premier tome analyse l'empreinte laissée sur la gauche par l'héritage du XIXe siècle et, au-delà, par la Révolution française. Occasion de vérifier combien les facteurs politiques ou culturels ont pesé sur la naissance de cette tendance, bien plus que les considérations sociales. À tel point que les premières tentatives d'émergence d'une volonté d'émancipation sociale et politique des milieux ouvriers, au début du Second Empire, apparurent plus comme une concurrence, voire une menace, que comme un renfort pour la gauche. Lorsque les différents contributeurs qui ont participé à ce vaste panorama examinent « les combats et acquis de la gauche », on est frappé par la faible part de la composante sociale. Défense du suffrage universel, abolition de l'esclavage, laïcité et instruction publique, liberté de la presse : les thèmes qui ont façonné la gauche ressortent peu de la problématique sociale. Jean-William Dereymez signale que si l'on peut dater l'avènement du mouvement ouvrier aux années 1830 en Grande-Bretagne, où syndicalisme et organisation politique de la gauche prirent forme quasi simultanément, il a fallu attendre 1884 pour que la loi autorisant les syndicats voie le jour en France.

Dans le second tome, qui va du début du XXe siècle à nos jours, la question sociale prend plus d'importance, mais pas assez pour qu'un chapitre lui soit consacré. Le rendez-vous manqué de la gauche et du social reste donc une des constantes qui s'imposent à la lecture de ce foisonnant ouvrage. Frédéric Sawicki s'étonne qu'en dehors d'André Henry, ex-secrétaire national de la FEN, et de Jacques Chérèque, ancien secrétaire de la Fédération de la métallurgie cédétiste, « aucun dirigeant syndical d'envergure [ne soit] devenu ministre ou responsable de premier plan du PS au cours de ces vingt dernières années ». Si, progressivement, comme le relève Jeanne Siwek-Pouydesseau, « la fréquentation constante des autorités politiques et administratives a fait des responsables syndicalistes des fonctionnaires du social », la tentation de la gauche au pouvoir a été, à l'inverse, de faire le travail des syndicats.