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Le bloc-notes

Les cinq ans du nouveau millénaire

Le bloc-notes | publié le : 01.01.2005 | Bernard Brunhes

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Les cinq ans du nouveau millénaire

Crédit photo Bernard Brunhes

De Clotaire à Chirac

Imaginons qu'en l'an 560 après Jésus-Christ – c'est-à-dire quelques années après la prise de Rome par les Ostrogoths (546), au moment de la mort de Clotaire et du partage du royaume franc (561), à peu près l'année de l'accession au pouvoir de Justin II, empereur d'Orient (565), bien avant la bataille de Mélitène, où les Byzantins ont battu le roi des Perses Chosroès Ier (575), quelques années après la fondation de l'Empire turc et quelques années avant la naissance de Mahomet le Prophète, soixante ans avant l'avènement du bon roi Dagobert –, imaginons qu'en cette année 560 un salarié ait commencé à travailler et que, béni des Dieux, il ait conservé une éternelle jeunesse qui lui aurait permis de travailler jusqu'à ce jour. Imaginons qu'en outre, tout au long de ces mille quatre cent quarante-quatre ans, il n'ait jamais été malade et qu'il ait été constamment rémunéré au smic, au tarif d'aujourd'hui (soit 1 154 euros et 21 centimes brut mensuel), il aurait gagné au total… ce que certains grands patrons français gagnent en un an : 20 millions d'euros.

Le plus favorisé des patrons français a gagné l'an dernier 22 millions d'euros. C'est ce qu'indique une enquête dont la presse a fait état en décembre.

Comparaison n'est pas raison. Il faut nuancer !

On peut noter par exemple que le salarié en question aurait probablement mérité une promotion à l'ancienneté. On peut aussi noter qu'il aurait payé au total beaucoup moins d'impôts que le P-DG.

Mais un an d'un côté, un millénaire et demi de l'autre… Il y a quelque chose de bancal dans le royaume de Dagobert façon Ve République.

Emploi et chômage : nouvel épisode

Nos ministres sont pleins de bonnes intentions : qui pourrait contester la volonté de Jean-Louis Borloo de mettre fin à cette fracture sociale que le candidat Chirac a justement condamnée ? Malheureusement, les bonnes intentions et les bonnes intuitions ne suffisent pas. Depuis deux décennies, le taux de chômage ne s'est éloigné que rarement des 10 %. Tous les « experts » savent où la France pèche. Une fois de plus, de brillants économistes ont planché. Le dernier trimestre a vu affluer de nouveaux rapports, de nouvelles propositions. Mais la logique et le calendrier politiques coïncident rarement avec les préconisations des experts. Les ministres sont pressés ; pas les économistes, qui savent que les réformes structurelles prennent du temps.

Trois idées émergent de tous les rapports récents.

Un, l'avenir de l'emploi, dans un pays comme le nôtre, c'est d'abord la capacité de recherche, d'innovation, de développement de nouveaux produits. Nous péchons moins par nos coûts que par notre retard dans les développements technologiques.

Deux, la flexibilité et la mobilité étant nécessaires dans l'économie d'aujourd'hui, il faut que le service public de l'emploi suive et accompagne individuellement les demandeurs d'emploi. La mise en place laborieuse du Pare témoigne des difficultés et des obstacles qui subsistent dans ce domaine : notamment l'éclatement du service public de l'emploi en de trop nombreuses structures qui ont des logiques différentes et s'épuisent à se coordonner au détriment de leur efficacité. La création des maisons de l'emploi peut être une réponse, mais on peut craindre qu'elles soient un nouvel intermédiaire, un nouvel échelon, une strate de plus.

Trois, les chefs d'entreprise, les créateurs d'entreprise, leurs conseils, experts-comptables ou consultants en tout genre, les agences et les associations qui les aident souhaiteraient une stabilité de la législation.

Mais chaque nouveau gouvernement veut sa réforme.

Il y a peut-être une solution simple et élémentaire à la crise de l'emploi dans ce pays : la stabilité de la législation et de la réglementation. Conseil malheureusement retenu ni à droite ni à gauche.

Bureaucratie zéro

2004 est passé. 2004, c'était le cinquantenaire d'un événement marquant et fondateur : l'appel de l'abbé Pierre, ce 1er février 1954, où des enfants mouraient, faute de toit, en un hiver exceptionnellement rigoureux. Trois semaines après son appel, après la réponse immédiate de milliers de Parisiens accourant à l'hôtel Rochester pour apporter leur obole et grâce à l'appui du ministre du Logement, Maurice Lemaire, la société HLM Emmaüs était créée et commençait sans tarder à construire. Trois semaines. Aujourd'hui il faudrait combien de temps ? Un an, dix-huit mois, deux ans ?

Auteur

  • Bernard Brunhes