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Un marathonien pour aire maigrir EDF

Acteurs | publié le : 01.01.2005 | Yann Laroche

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Un marathonien pour aire maigrir EDF

Crédit photo Yann Laroche

Yann Laroche est un coureur de fond. Cela tombe bien car, à quatre mois de son soixantième anniversaire, le DRH d'EDF, nommé en 2001 par François Roussely pour accompagner la transformation du monopole public en société anonyme, vient de se voir proposer un nouveau challenge : mobiliser le personnel autour du projet industriel 2005-2007, dévoilé en décembre par Pierre Gadonneix, le nouveau président d'EDF. Un chantier que ce Breton, père de trois enfants, a accepté avec enthousiasme. Cette prochaine étape de la transformation de l'entreprise devrait toutefois, comme il le reconnaît lui-même, être « aussi sensible, sinon plus, que celle que nous venons de vivre ». Et pour cause. Afin d'accroître sensiblement – de 2 à 7 % – la performance d'EDF dans un univers désormais fortement concurrentiel, Pierre Gadonneix a fixé un cap exigeant : réduire les dépenses de personnel de 20 % en trois ans.

Pour y parvenir, le nouveau DRH pourra s'appuyer sur la démographie, sachant qu'un agent sur quatre et même un sur trois dans les filières techniques doit partir à la retraite d'ici à 2012. « Tous ne seront pas remplacés », indique Yann Laroche. Mais le but ne sera pas atteint sans redéploiements massifs : « Nous allons passer à la vitesse supérieure en matière de mobilité », confirme-t-il, en estimant que 6 000 à 12 000 des 110 000 agents pourraient être concernés. Autant dire que pour parvenir à ses fins dans une entreprise où, comme le souligne le sociologue Pierre-Éric Tixier, en fin connaisseur de la maison, « les personnels ont plutôt tendance à fuir le réel », Yann Laroche va devoir déployer des trésors de pédagogie.

Pour relever ce défi, le DRH d'EDF n'est pas dépourvu d'atouts. D'abord il bénéficie de la confiance de Pierre Gadonneix, l'ancien P-DG de Gaz de France, avec lequel il a déjà travaillé par le passé en tant qu'ancien directeur adjoint d'EDF-GDF Services au milieu des années 90, mais aussi comme ancien directeur du personnel et des relations sociales à partir de 2001. Autre avantage, sa légitimité de manager est reconnue par ses pairs. Depuis son entrée à EDF en 1968, après un diplôme d'ingénieur aéronautique, Yann Laroche a en effet effectué toute sa carrière dans des fonctions d'encadrement et notamment dans la filière commerciale où il a inauguré la première branche ouverte à la concurrence. « Cette expérience devrait l'aider à faire prendre en compte les problématiques RH par des opérationnels aux prises avec les difficultés », poursuit Pierre-Éric Tixier. « Mon ambition est de faire en sorte que les opérationnels restent les garants du social », répond, en écho, le DRH d'EDF.

Des compliments valant de l'or

Dernier atout dans sa manche, son maintien – il est l'un des trois rescapés de l'ère Roussely au comex (comité exécutif) et le seul dirigeant maison – a été assez bien perçu par les organisations syndicales. « Il a plutôt une bonne image, celle d'un homme à l'écoute et qui cherche des solutions aux problèmes posés », témoigne Christian Delespinay, coanimateur de la liaison CFDT d'EDF. « Il sait nous faire partager les problématiques », ajoute Arnaud Bousquet, responsable de la fédération CFE-CGC. Des compliments qui valent de l'or quand on sait que, tout en bouclant des discussions sur l'intégration du régime particulier de retraite à l'Agirc-Arrco, Yann Laroche vient de finaliser des négociations difficiles.

À commencer par l'accord portant à la fois sur l'amélioration du régime complémentaire de santé, une nouvelle grille de classifications-rémunérations, la prise en charge par l'entreprise de l'augmentation de la cotisation retraite et l'alignement de l'évolution des pensions sur l'inflation. Ouvert à la signature jusqu'au 24 décembre et destiné notamment, selon le DRH, « à remobiliser le personnel après le changement de statut d'EDF », ce texte ne faisait pas encore l'unanimité syndicale : « En tendant à remettre en cause des fondamentaux du statut comme l'égalité de traitement entre actifs et inactifs, il contribue davantage à écarter les salariés qu'à les associer à la réussite de l'entreprise », s'insurge Maurice Marion, porte-parole de la CGT. Alors qu'un autre accord sur l'accompagnement social des restructurations devrait être soumis à la signature en janvier et que des négociations sur l'actionnariat salarié sont programmées en 2005, Yann Laroche va devoir jouer serré.

Valérie Devillechabrolle

Auteur

  • Yann Laroche