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Précis du réformateur

Livres | publié le : 01.12.2004 | H.G.

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Précis du réformateur

Crédit photo H.G.

France : la réforme impossible ? Nicolas Tenzer Éditions Flammarion. 270 pages, 17 euros.

Deux discours, très « tendance » dans la classe politique et les médias, ont le don d'irriter Nicolas Tenzer. Le premier consiste à se lamenter sur le déclin de la France, à la façon d'un Nicolas Baverez. Le second fait un constat tout aussi déprimant : la réforme, la vraie, serait rendue impossible dans notre pays par le poids des corporatismes, une tradition révolutionnaire plus que réformatrice, la résistance au changement de l'appareil étatique, etc. Deux discours qui, combinés, découragent toute velléité d'action de transformation de la société.

Produit de l'ENA et de Normale sup, l'auteur cherche à opposer un cercle vertueux de la réforme au cercle vicieux de l'immobilisme. Ce qui l'amène à la méthode : « Une méthode ne se définit pas seulement par ses caractéristiques procédurales, mais aussi par une conception de fond », souligne-t-il, sans méconnaître les obstacles propres au contexte français : le niveau des inégalités, qui explique la difficulté de modifier les structures sociales ou fiscales et une sociologie particulière, « fondée sur des arrangements officieux et des privilèges attachés aux positions sociales ». Face à ces pièges, il manque souvent une véritable volonté politique. Symptôme le plus évident, le recours systématique au rapport administratif. Pour avoir rédigé un pensum sur la fonction publique, Nicolas Tenzer est bien placé pour dénoncer l'illusion qu'on tente d'entretenir par cette procédure.

Comment s'y prendre alors ? « Définir une réforme, estime Nicolas Tenzer, c'est rendre explicites ses finalités », qui ne peuvent pas être seulement exprimées en termes de contraintes, budgétaires ou économiques. Il faut aussi qu'elles s'inscrivent dans un projet collectif porté par le politique. Le moment compte aussi beaucoup. Autre truisme trop ignoré, pour réformer la société, on ne doit pas s'en couper et s'employer à la connaître autrement qu'à travers les abstractions administratives. L'auteur plaide pour une politisation de la démarche réformatrice, pour « lui donner une signification qui dépasse les enjeux techniques immédiats ». éviter la surcommunication qui brouille le projet, faire la chasse aux points d'ombre qui créent des peurs irrationnelles, laisser de l'espace à un vrai « donnant-donnant », veiller à l'équité, prévoir la transparence des résultats, être exemplaire dans son propre comportement...

À force de prescriptions, Tenzer dresse un programme pour moderniser la politique en France sans perdre de vue l'essentiel : le besoin pour notre pays de se redonner une « constitution sociale ». Sans elle, pense-t-il, il y a peu de chances de revoir en profondeur les structures et le fonctionnement de l'état providence, désormais en crise. Car, quel que soit le côté où l'on se tourne, c'est bien la question de l'état qui est posée.

Auteur

  • H.G.