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Fini de rembouser à l'aveugle

dossier | publié le : 01.12.2004 | F.L.

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Fini de rembouser à l'aveugle

Crédit photo F.L.

Pour lutter contre l'inflation des coûts, le groupe Initiatives Mutuelles lance une nouvelle offre qui ne se borne plus à compléter les remboursements de la Sécurité sociale. Et fait le pari que ses adhérents sont prêts à modifier leurs comportements, en gage d'une modération de leurs cotisations.

Baptisée Vita Santé, la nouvelle offre du groupe Initiatives Mutuelles intrigue. « En 2002, nous sortions de quinze ans de relais systématique des déremboursements du régime obligatoire, explique Jean-Luc Nodenot, président de ce groupe mutualiste créé il y a deux ans par quatre mutuelles de fonctionnaires (impôts, douanes, Trésor et justice) pour développer une autre idée de la complémentaire, et également président de la Mutuelle des agents des impôts. Dès cette époque, nous percevions bien que les difficultés financières du régime de base conduiraient à des transferts massifs sur la complémentaire, mais que les financeurs, particuliers comme entreprises, ne pourraient indéfiniment accepter la hausse de leurs cotisations. Et notamment dans un contexte de vieillissement de la population. Bref, ces deux tendances lourdes nous conduisaient clairement dans l'impasse. »

L'analyse n'est pas forcément originale, mais personne n'avait jusqu'à présent pris le risque d'enrayer cette spirale inflationniste en bousculant les habitudes de ses adhérents. De fait, Vita Santé rompt avec le credo traditionnel de l'assurance santé. « Il n'y a pas de fatalité à rembourser n'importe quoi n'importe comment », résume d'une formule un peu lapidaire Jean-Luc Nodenot. Conséquence, la prise en charge du ticket modérateur n'est plus une règle absolue. Ainsi, les médicaments à service médical rendu faible, c'est-à-dire jugés peu efficaces, ne sont plus pris en charge à 65 % mais au même taux que l'assurance maladie, soit 35 %. « Notre objectif était de ne plus les rembourser du tout, mais nous manquons d'informations pour avoir une approche encore plus qualitative. »

Les gains réalisés sont réinvestis dans la prise en charge au premier euro de prestations délaissées par le régime obligatoire. C'est le cas des pilules de troisième génération qui ont des effets positifs sur la santé ou des implants dentaires. On retrouve, sur les frais d'optique, cette même volonté de caler les remboursements sur l'utilité et le coût réel des prestations.

Une plate-forme de services pour les adhérents

Mais Vita Santé repose également sur le concept du consommateur de soins avisé. Avec un outil majeur : une plate-forme de services qui oriente les adhérents vers les professionnels de santé pratiquant les tarifs les plus raisonnables. Après les hôpitaux et les cliniques, ainsi que les dentistes via un accord avec la Confédération nationale des syndicats dentaires, le groupe Initiatives Mutuelles est en train de créer un troisième réseau sur l'ostéopathie. Et réfléchit sérieusement sur les consultations : « C'est le plus complexe, mais si la réforme de l'assurance maladie échoue sur le volet des soins de ville, nous constituerons notre propre réseau de généralistes et de spécialistes. »

En revanche, le conventionnement n'est pas à l'ordre du jour sur l'optique. « Il faut déjà assainir un marché où le prix d'un verre peut varier du simple au quadruple. Par l'étude de devis, nous encourageons nos adhérents à faire jouer la concurrence », poursuit Jean-Luc Nodenot. Ce positionnement comme acteur du système de santé se concrétise également par le développement de la prévention – Vita Santé comprend ainsi un bilan annuel bucco-dentaire gratuit – ou les travaux menés avec la Ligue contre le cancer.

Tout cela pourrait paraître bien contraignant si l'adhérent ne bénéficiait, finalement, d'un avantage de poids : l'engagement d'une stabilisation de sa cotisation pendant cinq ans. « À périmètre constant du régime obligatoire », prend soin de préciser le président d'Initiatives Mutuelles, avant de souligner que le coût de l'offre Vita Santé pour un retraité est de « 50 % inférieur à celui du marché ». Et cela sans aucune répercussion sur l'accès aux soins : « Si l'adhérent s'inscrit vraiment dans notre démarche, assure le président du groupe Initiatives Mutuelles, il peut bénéficier d'un niveau de remboursement supérieur à Multi Santé. »

Le groupe Initiatives Mutuelles propose, effectivement, une seconde offre à ses adhérents. Plus traditionnelle et plus onéreuse. « Nous ne pouvions pas arrêter ce type d'offre du jour au lendemain après l'avoir promu pendant cinquante ans. » Mais, sur les 500 000 personnes couvertes par le groupe mutualiste, la moitié ont fait le choix de basculer sur Vita Santé au 1er janvier 2005. À la Mutuelle des agents des impôts, la proportion est même de 75 %. Pour autant, Jean-Luc Nodenot se garde de tout triomphalisme : « Nous verrons dans un an s'ils conservent Vita Santé. »

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  • F.L.