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Un DRH en grandes manoeuvres chez Giat

Acteurs | publié le : 01.12.2004 | H. G.

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Un DRH en grandes manoeuvres chez Giat

Crédit photo H. G.

Des DRH, Thierry Smagghe n'a pas le vocabulaire. Ni les théories à la mode ni les outils miracles. Il ne possède pas non plus ce discours techno propre aux X dont il est issu. Marié à une vétérinaire, l'homme est simple, direct, sans camouflage. À 43 ans, le nouveau DRH de Giat Industries sait où il met les pieds. L'entreprise d'armement aligne son sixième plan social.

La feuille de route est limpide : passer de 6 000 à 3 000 salariés. Un changement de cap pour celui qui quitte la direction des executives chez Airbus, une entreprise en pleine expansion où il a fait un passage éclair, pour un baptême du feu de DRH chez un mastodonte public qui a employé jusqu'à 18 000 personnes. « Cette baisse des effectifs correspond à une évolution de marché. On vend moins d'armes qu'avant. C'est une étape douloureuse », reconnaît Thierry Smagghe, qui va devoir reclasser quelque 2 000 personnes sur les 3 000 visées par le plan Giat 2006. « Un millier de salariés bénéficient des mesures d'âge. Un autre tiers devrait retrouver assez facilement un emploi grâce aux réaffectations dans le ministère de tutelle mais également dans d'autres administrations. Il reste un bon millier de salariés à reclasser. » Une première pour ce pilier de l'armement qui préférait faire partir ses quinquas en préretraite. Pour accompagner ces départs, huit antennes mobilité ont été créées avec BPI et Altedia. Et, après une année d'âpres batailles juridiques et de conflits sociaux durs, les mesures du plan de sauvegarde de l'emploi ont véritablement commencé en avril dernier.

Malgré un plan ambitieux « correctement financé à hauteur de 600 millions d'euros », Thierry Smagghe, qui succède à Pierre Marcajous parti en retraite, débarque dans un climat social tendu. « Même si l'atmosphère s'est un peu apaisée car il n'y a pas eu de notifications de licenciements », constate André Golliard, délégué CFDT de Giat à Roanne. Pour autant, Thierry Smagghe sait que le plus dur reste à venir. « Nous avons fait le plein pour les départs volontaires liés aux mesures d'âge. Cet été, pour la deuxième phase du plan, il n'est pas dit que nous échapperons aux notifications. Il faut s'attendre à des soubresauts sociaux. » D'autant que se profileront aussi les créations de filiales en 2005. « Nous sommes dans une période de doutes. On attend de notre DRH qu'il gère les départs mais qu'il sache aussi motiver ceux qui restent en ouvrant des négociations sur des comptes épargne retraite ou salariale », avance André Golliard.

Thierry Smagghe a bien saisi l'enjeu. « Il faut retrouver un cercle vertueux. 80 % de la solution est chez nous. » L'entreprise table également sur le recrutement de 200 salariés. Mais pas question de tomber dans le jeunisme, même si l'embauche récente d'un DRH quadra et d'un dircom de 35 ans peut laisser penser le contraire. « La volonté du P-DG Luc Vigneron est de garder des éléments très expérimentés qui connaissent la technique et les clients. Le sang neuf et les idées nouvelles sont les bienvenus mais nous ne sommes pas dans la mode ou les semi-conducteurs... »

Préparatifs de noces

Le DRH devra aussi accompagner le passage d'un métier manufacturier à celui d'intégrateur de systèmes. « Sur un char Leclerc, par exemple, on prend différentes briques d'un système et on assure le montage pour les clients. Cela change beaucoup de choses au niveau du pilotage de projet et dans les bureaux d'études. » Sans compter que les cadres et ingénieurs vont occuper davantage de terrain. De 15 % aujourd'hui, ils vont passer à 50 %. Toutes ces perspectives n'effraient pas cet homme qui a fait ses preuves dans l'opérationnel et n'a véritablement bifurqué vers les ressources humaines qu'en 1999 chez Alstom. Pendant quinze ans, il a été directeur commercial, contrôleur de gestion, directeur d'usine dans des groupes comme Fiat ou Alcatel. En 1997, il menait un plan social dans une usine d'Alstom dont il avait la direction à La Rochelle. « Il était plutôt à l'écoute, ouvert. Ce n'est pas un tueur », confirme Régis Montier, délégué CFDT à La Rochelle. Dernière grande échéance, les préparatifs de fiançailles avec d'autres groupes. « Nous savons que nous ne pourrons pas rester seuls. Dès 2006, un jeu d'alliances va se nouer au niveau européen. » L'étape est stimulante pour ce globe-trotteur qui parle anglais, allemand, italien, espagnol et arabe.

Auteur

  • H. G.