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Vie des entreprises

L'expatriation pêche encore par le retour

Vie des entreprises | CONSEIL ET MANAGEMENT | publié le : 01.11.2004 | E. B.

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Pour quelles raisons avez-vous accepté une affectation à l'étranger ? (en % des personnes interrogées)

Crédit photo E. B.

Une étude d'Ernst & Young pointe les carences qui perdurent dans la gestion des expatriés.

Fini les globe-trotteurs ? Les cadres baroudeurs auraient disparu, les entreprises ne souhaitant pas laisser leurs collaborateurs s'incruster à l'étranger chercheraient au contraire à banaliser l'expatriation et auraient donc cessé d'offrir des ponts d'or aux candidats à l'expatriation. Ce discours ambiant est contredit par les résultats d'une enquête réalisée par le cabinet Ernst & Young auprès de plus de 1 500 expatriés appartenant à 27 groupes internationaux (voir encadré ci-contre). Tout d'abord, les expatriés à répétition existent bel et bien. Plus de la moitié des interviewés (51,2 %) indiquent en être à leur troisième séjour de six mois au moins. Et, pour 13 % d'entre eux, il s'agit même du cinquième séjour.

Ensuite, si un poste hors des frontières constitue d'abord une opportunité de carrière pour plus de 86 % des expatriés, près des deux tiers d'entre eux invoquent aussi la perspective d'une rémunération plus alléchante. Enfin, la majorité des expatriés se montrent dubitatifs sur l'idée communément admise du passage obligé que constituerait une expérience à l'étranger. Si un quart des intéressés estiment que leur entreprise les a expatriés dans le but d'acquérir de l'expérience à l'international, près de 60 % pensent qu'un refus de partir n'aurait pas eu de conséquences négatives sur leur carrière. « On trouve un peu de duplicité des deux côtés, analyse Hélène Hiller, d'Ernst & Young. Les expatriés font semblant de croire le discours des entreprises. Or celles-ci se préoccupent surtout de trouver au plus vite une personne compétente. »

L'enquête se penche aussi sur l'organisation du séjour. Satisfecit général concernant les aspects matériels de l'expatriation : 90,5 % sont contents de la protection sociale proposée à l'étranger, 73,5 % de la fiscalité et 75,9 % n'ont eu aucun problème concernant les règles d'immigration. À l'inverse, les transferts ne sont pas suffisamment préparés en amont : les deux tiers n'ont eu aucune formation interculturelle, un gros tiers estiment ne pas avoir eu de vision réaliste de leur futur environnement professionnel avant de partir, ou une connaissance suffisante de la réalité du pays d'accueil.

Garder un lien avec le siège

Le jugement est encore plus critique s'agissant de l'accompagnement du conjoint. Près de six sur dix n'ont bénéficié d'aucune aide. Et si 28 % ont reçu une formation linguistique, très peu ont eu un soutien concret sur le plan professionnel : recherche d'emploi (2,4 %), formation dans le pays d'accueil (5,7 %), préparation interculturelle (8,1 %). Quant au retour, rien n'est préparé selon 46,1 % des cadres en poste à l'étranger. D'où des préoccupations sur l'intérêt du poste proposé au retour (92,5 %), l'existence d'un tel poste (69,6 %), sans parler de sa rémunération (61,4 %).

Une situation qui n'étonne pas vraiment Frank Bournois, professeur à l'ESCP-EAP. Ce spécialiste de l'expatriation estime qu'une minorité de cadres partis à l'étranger se verra par la suite proposer un poste de direction. « Partir, c'est prendre des risques pour sa carrière. Mais ceux qui savent anticiper et garder un lien direct avec le siège s'en sortiront. » Pas étonnant, dans ces conditions, que 70 % des expatriés envisagent de changer de pays d'accueil, sans repasser par la case départ…

Les vraies raisons du départ
Pour quelles raisons avez-vous accepté une affectation à l'étranger ? (en % des personnes interrogées)L'étude réalisée par le cabinet Ernst & Young a porté sur 1 756 expatriés, majoritairement de nationalité française (78 %), issus de 27 groupes multinationaux et disséminés dans une trentaine de pays. Les trois quarts d'entre eux sont mariés et ont des enfants. 85 % d'entre eux sont des managers qui supervisent une équipe, dont 40 % sont des « middle managers ». Si l'expatriation constitue une opportunité de carrière pour la quasi-totalité d'entre eux, un expatrié sur quatre reconnaît avoir accepté un poste à l'étranger car c'était le seul poste satisfaisant qui lui était proposé. Un autre quart explique son départ par le souhait de mettre de la distance avec son milieu professionnel d'origine.

Auteur

  • E. B.