logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Livres

L'école de la justice sociale

Livres | publié le : 01.11.2004 | H.G.

Image

L'école de la justice sociale

Crédit photo H.G.

L'École des chances François Dubet Éditions Seuil

Comme la rentrée sociale, la rentrée scolaire a été remarquablement calme. Et pourtant, à l'instar des relations sociales, l'école est en crise. C'est le principe cardinal de la justice scolaire, celui de l'égalité des chances, qui apparaît fissuré.«En France, les efforts engagés depuis plus de cinquante ans pour instaurer un égal accès aux études sont loin d'avoir engendré une égalité des chances réelle», constate le sociologue François Dubet, un des meilleurs spécialistes de notre système scolaire. Son livre part d'une question simple: que pourrait être une école juste, du moins «aussi juste que possible, ou, mieux encore, la moins injuste possible»?

La France, depuis Guizot, a progressivement fait évoluer le principe central qui gouverne la formation de ses citoyens de l'élitisme républicain à l'égalité des chances. Ce passage a d'abord été conçu comme un élargissement de l'accès à l'enseignement secondaire par la gratuité. Le corollaire est qu'une société «juste» serait celle où les inégalités procèdent uniquement du mérite et des performances personnelles. Mais, malgré la révolution du collège unique dans les années 70 et l'élargissement continu de l'accès aux biens scolaires, l'école en France n'est pas parvenue à neutraliser les effets des inégalités culturelles t sociales. Qui plus est, de par la nature de son offre, 'école participe d'une certaine manière au renforcement des inégalités sociales ainsi qu'à leur légitimation.

«De façon générale, les bons élèves, qui sont aussi les plus favorisés du point de vue social, se voient offrir un enseignement meilleur et plus cher», résume François Dubet. is encore, au nom du mythe de l'égalité des chances, on retire même l'«excuse» sociale à ceux que ce système met en situation d'échec: «les vaincus ne peuvent alors s'en prendre qu'à eux-mêmes, ils ne peuvent que s'attribuer la cause de leur propre échec», observe le directeur à l'école des hautes études en sciences sociales de Paris. à l'inverse, l'élite scolaire, une fois devenue élite sociale, peut accumuler avantages et privilèges en toute bonne conscience. Comme le souligne encore l'auteur, «ce mode de fabrication des dirigeants ne produit pas fatalement des élites ouvertes, généreuses et attentives au sort des moins favorisés».

Tout cela ne veut pas dire qu'il faille remettre en cause l'égalité des chances. Il propose de tenter de rapprocher la réalité de cette «fiction nécessaire», d'abord en recréant une égalité de l'offre, par une discrimination positive à la française et une plus grande individualisation des parcours scolaires. Mais aussi par le rétablissement d'une «égalité sociale des chances», en remettant au centre du système la notion de culture commune, sorte de «smic scolaire», afin que l'augmentation du niveau de formation des plus faibles devienne la priorité absolue.

Auteur

  • H.G.