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Le capitaine choc de l'assurance maladie

Acteurs | publié le : 01.11.2004 | Isabelle Moreau

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Le capitaine choc de l'assurance maladie

Crédit photo Isabelle Moreau

« Mon métier, c'est le risque», affirme Frédéric Van Roekeghem,qui vient de succéder à Daniel Lenoir à la tête de la Caisse nationale d'assurance maladie. Tout juste arrivé au troisième étage du nouveau siège flambant neuf de la Cnam, situé dans l'Est parisien, ce quadra a troqué sa casquette de directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy, ministre de la Santé, pour celle de chef d'orchestre de la réforme de l'assurance maladie.

Une réforme actée par la loi du 13 août 2004, dont il a été l'un des artisans majeurs, en négociant d'arrache-pied les principaux axes avec les syndicats et les professionnels de santé. «C'est sans doute le poste le plus difficile du secteur public», estime Louis-Charles Viossat, directeur général de l'Acoss,la banque de la Sécu, qui avait cédé son fauteuil de directeur de cabinet de l'Avenue de Ségur à Frédéric Van Roekeghem lors du remaniement d'avril 2004.

La tâche est immense et les attentes sont fortes. à commencer par celles du chef de l'état, qui a montré quelques signes d'impatience début octobre en assénant qu'il fallait appliquer la réforme «sans délai».Un message reçu cinq sur cinq par le nouveau directeur général qui entend bien mettre les bouchées doubles. Il peut désormais s'appuyer sur le conseil de la Caisse, installé le 28 octobre dernier. Cette instance devra désigner, dans la foulée, ses représentants au sein de la future Union nationale des caisses d'assurance maladie, l'Uncam,qui coiffera à partir de ce moisci la Cnam, la MSA (agricole) et la Canam (indépendants) et aura notamment pour mission de négocier avec les professionnels de santé.

Un nouvel exécutif qui sera également dirigé par Frédéric Van Roekeghem, déjà taxé de «proconsul» par l'opposition. Ce qu'il réfute, arguant que «les mandats de négociation seront fixés par un collège de directeurs»... Pour le nouvel homme fort de la Sécu,«c'est le passage à l'acte qu'il faut réussir, c'est-àdire transformer les acquis, notamment le travail mené par le Haut Conseil sur l'avenir de l'assurance maladie, en une réforme acceptable ».Ce n'est pas gagné… «Les lobbies vont se manifester. Or il y a d'évidents conflits d'intérêts entre professionnels de santé, usagers et laboratoires», explique Jean-Marie Spaeth, qui devait être remplacé fin octobre à la présidence de la Cnam par Michel Régereau,l'actuel président (CFDT) de l'Urcam de Bretagne. «Frédéric Van Roekeghem devra faire un travail d'équilibriste»,confirme Pierre Burban, président de l'Acoss.

De l'armement au social

Pour mener à bien sa mission, le polytechnicien Van Roekeghem, nommé pour cinq ans, ne manque pas d'atouts. «Il a toutes les qualités pour réussir. Il est brillant, rigoureux et dispose de réels talents de négociateur. Il a su gagner la confiance des interlocuteurs médicaux », reconnaît Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français.Pourtant, rien ne prédisposait cet ingénieur en chef de l'armement à devenir un expert en protection sociale. C'est en 1993 que sa carrière,entamée au ministère de la Défense, a basculé, lorsqu'il accepte le poste de chef du bureau retraite à la Direction du budget, avant de rejoindre le cabinet de Jean Arthuis, ministre de l'économie, comme conseiller technique chargé de l'Emploi, en 1995, l'année de la réforme Juppé. «C'était très formateur. On apprend aussi beaucoup par l'échec»,observe Frédéric Van Roekeghem. Après le retour de la gauche au pouvoir, en 1997, il prend la direction du Fonds de solidarité vieillesse, avant de rejoindre le groupe GIA Axa comme directeur de l'audit.

Pour réformer l'assurance maladie,il compte «dégager des consensus raisonnables dans des délais relativement courts. On peut réformer avec, mais pas contre. Les médecins sont désireux de renouer le dialogue conventionnel, c'est un signe positif». Un optimisme auquel les experts apportent quelques bémols.«Cette réforme s'est faite sans que personne ne soit descendu dans la rue. Mais,comme on doit maîtriser les dépenses de santé, tout le monde devra y mettre du sien», prévient ainsi Pierre Burban. Rendez-vous à la fin de l'année pour tirer un bilan des négociations sur les conventions médicales qui doivent mettre en œuvre les outils de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé

Auteur

  • Isabelle Moreau