« En reprenant l'entreprise en août 2003, nous avions à démêler rapidement une situation ingérable sur le plan social », raconte Denis Bouillaguet, directeur général d'Elips Signs, une PME de quarante salariés spécialisée dans les enseignes lumineuses installée à Évry, dans l'Essonne, avec un site de production à Patay, près d'Orléans. « À l'époque, ajoute-t-il, nous dépendions de trois conventions collectives différentes, les rémunérations et la grille de classifications étaient anarchiques, l'organigramme inexistant et les salariés souffraient véritablement du manque de communication des dirigeants précédents. Il était important de recadrer notre politique RH. Le problème, c'est que nous ne savions pas comment faire. »

Pour redonner une cohérence sociale à son entreprise, Denis Bouillaguet, avec Christian Blouin, son associé, s'est appuyé sur le programme Mirh (modernisation, innovation et ressources humaines) de la Chambre de commerce et d'industrie de l'Essonne. La CCI, épaulée par le cabinet-conseil Aster, spécialisé en GRH, a en effet imaginé un programme de formation pour des responsables de PME souvent inexpérimentés en GRH. « Dans un premier temps, nous les avons fait travailler sur quatre thèmes au cours d'ateliers techniques. L'anticipation et les besoins en compétences, la capitalisation et la transmission des savoir-faire, la communication interne et la politique de rémunération, énumère Gérard Huot, vice-président chargé de l'industrie à la CCI. Par la suite, le cabinet Aster a réalisé un diagnostic dans chacune des entreprises en interrogeant les dirigeants et les salariés. L'idée était de leur donner un instantané de l'état du climat social. À partir de là, ils ont pu travailler sur les points les plus délicats. Nous les retrouvions quelques semaines plus tard pour qu'ils présentent les actions mises en œuvre et les difficultés rencontrées. »

L'objectif de la CCI était de transférer des outils RH de grandes entreprises vers les PME. « Pour intéresser les dirigeants de PME, nous devions coller à la réalité de leur entreprise. D'où l'intérêt de faire appel à un cabinet-conseil habitué à accompagner les entreprises plutôt qu'à un organisme de formation », ajoute Gérard Huot. Deux groupes de 12 entreprises ont suivi ce programme de dix-huit mois et ont décroché dans la foulée un label des bonnes pratiques RH décerné par la CCI. « L'organisation de MIRH nous impose de travailler et de partager avec d'autres chefs d'entreprise, souligne Denis Bouillaguet. D'un mois à l'autre, nous assimilions les outils que nous apportait le cabinet Aster et nous les appliquions à notre entreprise. Depuis, par exemple, nous organisons mensuellement une réunion avec les salariés pour les informer des décisions et des choix stratégiques que nous prenons. Tout notre organigramme a été repensé, la grille des salaires recalée, et nous avons clairement défini les avantages sociaux. Aujourd'hui, nous nous attaquons à l'évaluation et à la gestion des compétences. »

Et les chefs d'entreprise en redemandent. Organisé par la CCI et cofinancé par le conseil régional d'Ile-de-France, un club RH doit en effet voir le jour, cet automne, pour permettre aux dirigeants de PME de continuer à échanger.