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L'université française à la traîne

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.03.2004 | Anne-Cécile Geoffroy

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L'université française à la traîne

Crédit photo Anne-Cécile Geoffroy

Un palmarès international établi par des chercheurs met en doute la performance des universités françaises et de ses chercheurs.

Émoi dans la communauté universitaire ! La publication d'un classement international des établissements d'enseignement supérieur par une université de Shanghai écorne sérieusement le prestige et la réputation de nos établissements. La première classée, l'université scientifique Pierre-et-Marie-Curie (Jussieu), arrive en… 65e position, suivie de Paris sud-Orsay, à la 72e place ! Au niveau européen, seuls quatre établissements figurent parmi les 50 universités les plus performantes. Et nos grandes écoles sont tout bonnement reléguées en queue de peloton. Polytechnique est classée entre la 251e et la 300 place et l'École des mines de Paris entre la 401e et la 450e place.

Pour établir ce palmarès, les chercheurs chinois se sont basés sur le nombre de prix Nobel par établissement, les articles publiés dans les revues Science et nature et les chercheurs cités dans les index scientifiques… Résultat, les universités américaines (Harvard, Stanford, le California Institute of Technology) trustent les premières places. « Ne chipotons pas sur ces critères qui ne favorisent pas nos établissements. Voir apparaître la première université en 65e position, c'est nul, estime Xavier Chapuisat, ancien président de l'université Paris sud-Orsay et président actuel du club Chine qui travaille au rapprochement entre les deux pays en matière d'enseignement supérieur. Cette étude révèle tout simplement que nos établissements n'entrent pas dans les standards internationaux. Nous avons un vrai problème structurel. Notre système de grandes écoles et d'universités n'est pas compris en dehors de nos frontières et la distinction faite entre la recherche publique et la recherche universitaire brouille les cartes à l'étranger. » Et Xavier Chapuisat de militer pour la création d'universités par grandes régions qui réuniraient universités, grandes écoles et instituts de recherche, sur le modèle anglo-saxon.

Des financements en peau de chagrin

Au-delà des causes structurelles, pour bon nombre de présidents d'université, le palmarès chinois met également au jour le manque de moyens qui les oblige à des restrictions sévères et ne leur permet pas d'assurer pleinement leur mission de recherche. Et, comme pour enfoncer le clou, un rapport du Conseil d'analyse économique (« Éducation et croissance ») est venu souligner la faiblesse du financement public de l'enseignement supérieur et de la recherche en France. « J'ai beaucoup de mal à boucler mon budget. C'est la première fois que je me sens pris à la gorge, avoue Yves Mathieu, président de l'université de Provence (Aix-Marseille I, classée entre la 401e et la 450e place). La dotation globale de fonctionnement n'a pas augmenté d'un pouce en trois ans tandis que le coût de l'entretien au mètre carré de l'université n'a cessé de croître.

Parallèlement à ces soucis de fonctionnement, nous subissons par ricochet les problèmes budgétaires de la recherche publique. 80 % de la recherche se fait en effet au sein des universités dans les unités mixtes de recherche montées en partenariat avec des établissements comme le CNRS. » Et l'absence de création de postes d'enseignants-chercheurs dans le budget 2004 n'est pas pour rassurer des universités déjà sous tension.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy