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Le bloc-notes

Un pays en attente de réformes

Le bloc-notes | publié le : 01.05.2003 | Bernard Brunhes

Après-guerre

Quand les affaires vont mal, du ralentissement économique aux plans sociaux en passant par la guerre et la réforme des retraites qui piétine, il faut s'accrocher aux bonnes nouvelles. Et il y en a.

Après bien des difficultés, les partenaires sociaux se parlent. Au niveau confédéral, ils parlent gestion des restructurations, politique de formation, approfondissement de la négociation collective. Dieu, que c'est long ! Il faut être patient, mais cela avance. La CGT, non sans quelques remous lors de son congrès, entre dans une logique de dialogue et de négociation.

Sur les retraites, la démarche gouvernementale est lente et malhabile, mais enfin, de semaine en semaine, les esprits évoluent. Interrogés par un organisme de sondage pour le compte de la CGC, les cadres se disent à plus de 80 % satisfaits de leur travail. La France qu'on nous décrit comme en panne continue encore depuis plusieurs années à faire plutôt mieux en croissance que l'Euroland.

Quel serait notre bonheur si l'on voulait bien, de télé en radio et de quotidien en hebdo, dire aussi ce qui va bien ! Si le gouvernement Jospin avait su il y a un an dire ce qui va bien au lieu de ployer l'échine devant les critiques et les pessimistes par intérêt, le 21 avril aurait pu être différent.

Cela dit, des réformes attendent, qui n'attendront plus très longtemps. Nous ne sommes pas à l'automne, mais au printemps. Sera-ce le printemps des réformes ?

Fonctionnaires à la retraite

Pauvres fonctionnaires ! De rapport en rapport, le caractère opaque et peu démocratique de la gestion de la fonction publique est constamment remis sur la sellette.

La dernière atteinte à l'honneur de la fonction publique vient de la Cour des comptes. Sous l'autorité incontestée de Raoul Briet – un vrai grand commis de l'État comme on n'en fait plus beaucoup –, les spécificités du régime des retraites des fonctionnaires sont vigoureusement étrillées.

Ceux qui n'en avaient pas conscience apprennent enfin que les différences entre le régime de la fonction publique et le régime général ne s'arrêtent pas à la durée de cotisation (ces 37,5 ans que les fonctionnaires ne veulent pas voir aligner sur les 40 ans du secteur privé), mais ont bien d'autres aspects. Un tiers des fonctionnaires qui partent à la retraite aujourd'hui bénéficient des privilèges du « service actif » : la possibilité de partir à 55 ans ; les niveaux de pension continuent à progresser après le départ en retraite au rythme des indices des fonctionnaires en activité, ce qui n'est pas le cas des pensions du secteur privé ; le calcul est fait sur le traitement des six derniers mois (que trop souvent on pousse un peu pour accroître les droits) et non sur la moyenne des vingt-cinq meilleures années. Et les petits coins opaques et soigneusement cachés sont nombreux.

Décidément, cette malheureuse réforme des retraites soulève bien des voiles, bien des toiles d'araignée, bien des occasions de polémiques et de conflits. Bon courage !

Les nouveaux bien-pensants

La mode est à la responsabilité sociale des entreprises : comptez les colloques, en France et à l'étranger. Elle est aussi au développement durable.

On ne parle plus d'entreprise citoyenne, mais c'est la même chose : l'entreprise n'existe pas seulement pour produire des biens ou des services et pour enrichir ses actionnaires. Elle est un acteur essentiel de la société.

C'est là que se mélangent les discours bien-pensants et les réalités du terrain. Fût-il grand et généreux, bon chrétien ou altruiste, le chef d'entreprise doit d'abord faire marcher sa maison. La preuve est faite que les plus généreux de cœur ne sont pas forcément les plus efficaces en matière de responsabilité sociale. La vérité est ailleurs. Il y a deux manières de présider aux destinées d'une entreprise : ou l'on attend des profits élevés rapidement – un comportement spéculatif –, ou l'on parie sur la durée, la croissance soutenable et soutenue. Dans ce second cas, le bon management implique que l'on motive toutes les parties prenantes (les stakeholders, comme disent les Anglais, par opposition aux shareholders, les actionnaires) : des salariés formés et attachés à l'entreprise, un environnement social, politique, administratif qui joue avec l'entreprise et non contre elle, un respect de l'écologie qui évite les mésaventures de Total, une attention aux consommateurs.

Dès lors, développement durable et responsabilité sociale vont de pair. Nous ne sommes pas dans la morale mais dans la survie des institutions.

Le débat du XXIe siècle aura vu émerger ces concepts. Ils sont essentiels. Ils corrigent les excès de Wall Street et de l'immédiateté de la communication.

Auteur

  • Bernard Brunhes