logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

Gironde : le RMI jeunes fait long feu

Dossier | publié le : 01.01.2003 | C.G.

Censé remettre en selle des jeunes en rupture, le contrat d'accompagnement à l'autonomie mis en place par le conseil général de la Gironde n'aura pas passé le cap des dix-huit mois. La belle idée s'est avérée trop difficile à gérer sur le terrain.

L'initiative était louable. Pour remettre sur le chemin de l'insertion des jeunes de 18 à 25 ans en rupture totale avec la société, le conseil général de la Gironde, présidé par le socialiste Philippe Madrelle, a tenté d'apporter une réponse fin 1999, avec la création d'un contrat d'accompagnement à l'autonomie. Dans l'aventure, il entraîne une dizaine de communes du département ; 610 000 euros sont ainsi dégagés par l'institution départementale et les collectivités signataires. De son coté, l'État met sur la table le même montant. Le principe ? Une fois identifié, le jeune est suivi pendant dix-huit mois par un adulte relais et bénéficie d'une aide financière qui peut atteindre 304,90 euros par mois. « Il s'agissait de donner à ces jeunes le temps de se reconstruire. C'était un sas d'entrée pour reprendre le chemin de la réinsertion », explique Philippe Villetorte, directeur des politiques sociales contractuelles au département de la Gironde. Sur le papier, le projet est séduisant. Mais, sur le terrain, le système s'avère complexe à gérer.

Le dispositif bute sur le cas des SDF

Le repérage des jeunes est laissé aux bons soins des centres médicaux et sociaux, des clubs de prévention ou des missions locales, mais il n'y a pas de chef de file. Pour ne rien arranger, cet ersatz de RMI jeunes bute sur le cas particulier des SDF. Comment mettre en place le contrat d'accompagnement à l'autonomie pour ces jeunes, qui constituent le cœur de cible de la mesure, lorsqu'ils ne sont pas fixés sur une commune précise. Autre obstacle, le dispositif repose sur les épaules des adultes relais. Or les centres sociaux n'ont guère envie de mobiliser leurs salariés. « Ce public de jeunes demande beaucoup de temps et d'énergie. Il faut se déplacer plusieurs fois dans la semaine pour aller à leur rencontre. C'est une tâche qui n'est pas rémunérée. Or une association de réinsertion doit aujourd'hui drainer un certain nombre de jeunes et faire du chiffre », confie Caroline Seguy, conseillère en insertion sociale et professionnelle à la mission locale Technowest, un rassemblement de 14 communes de l'ouest de la Gironde.

Enfin, dernier problème, le contrat d'accompagnement départemental vient s'ajouter à d'autres mesures, comme l'ASI (appui social individualisé) ciblé sur les jeunes de 16-25 ans en grande difficulté. Objectif ? Les accompagner vers l'autonomie par une aide au logement, à la santé, à la formation. Un système comparable au contrat d'accompagnement à l'autonomie, mais sans aide financière. Malgré les défauts du dispositif girondin, 118 jeunes ont bénéficié depuis janvier 2000 de ce contrat d'accompagnement. Un mouvement stoppé net cet été. « Ce contrat a été lancé à titre expérimental. Il n'a pas été repris par l'actuel gouvernement », regrette Bernard Garandeau, vice-président du conseil général de la Gironde, chargé de la solidarité. Reste qu'en Gironde un petit millier de jeunes sont toujours sur le bord du chemin.

L'Ille-et-Vilaine poursuit son effort

Ancien président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, Pierre Méhaignerie a été l'un des plonniers du RMI en France.

L'Ille-et-Vilaine est l'un des laboratoires dont s'est inspiré le gouvernement Rocard pour instaurer, en 1989, le revenu minimum d'insertion. Dès 1988, le conseil général avait créé, en effet, une cinquantaine de postes d'animateurs locaux de réinsertion, présents en permanence sur le terrain afin d'apporter un accompagnement psychologique et un soutien pratique aux chômeurs dans leurs démarches auprès des organismes sociaux. Quinze ans après, la lutte contre la précarité reste une priorité départementale, dotée d'un budget annuel de 5,6 millions d'euros. « Nous constatons que le nombre des bénéficiaires du RMI – ils sont 9500 en 2002 – baisse d'au moins 15 % par an, explique Christine Nédellec, chargée de mission à l'insertion au conseil général d'Ille-et-Vilaine. Mais certains publics éprouvent encore des difficultés pour intégrer ou réintégrer le monde du travail. Nous cherchons donc à créer les structures susceptibles de les accueillir. » L'action départementale vise tout particulièrement les femmes pour lesquelles il n'existe quasiment pas de chantier de réinsertion, notamment dans le secteur social. Car, en Ille-et-Vilaine, le retour au travail des RMIstes est précédé de leur passage quasi obligatoire par des chantiers locaux de nettoyage des forêts, de réhabilitation des monuments ou d'entretien des bâtiments publics, travaux plutôt réservés aux hommes. Il existe une soixantaine de chantiers de ce type répartis dans les communes du département, où les RMIstes effectuent un passage de un à deux ans, souvent sous la forme d'un contrat emploi solidarité. L'équipe d'animateurs locaux de réinsertion est en contact direct avec les chefs de chantier pour accompagner l'évolution professionnelle de chacune des personnes suivies et anticiper les risques d'échec. Si 30 % des bénéficiaires du RMI sont remis en selle dans les douze mois qui suivent leur inscription, 30 % restent deux à trois années sous ce régime. Et plus de 30 % des personnes conservent ce statut précaire pendant plus de cinq ans.

La conjoncture économique plus défavorable n'est pas pour faciliter le travail du conseil général d'Ille-et-Vilaine qui souhaite se rapprocher davantage des agences locales de l'ANPE afin d'accélérer le placement des personnes. « Car elle est en relation directe avec les secteurs marchands dont elle connaît précisément les besoins. » Une première expérience réussie a été menée chez PSA à Rennes. Il y a quelques mois, 500 personnes ont été recrutées par l'ANPE pour travailler, pendant cinq à six mois, sur les lignes de montage du nouveau modèle C5. Une centaine d'entre elles sortaient du RMI. « Elles ont, pour la plupart, réussi leur mission et beaucoup sont désormais salariées en CDD, voire en CDI, chez différents équipementiers automobiles », indique Christine Nédellec.

S. de G.

Auteur

  • C.G.