logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Vie des entreprises

Les contrats jeunes menacent-ils l'alternance ?

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.10.2002 | Sarah Delattre

Voté pendant la session d'été, le contrat Fillon, qui vise à favoriser l'embauche de jeunes non-qualifiés, risque de concurrencer les dispositifs d'apprentissage.

À chaque gouvernement son remède contre le chômage des jeunes. En 1997, Lionel Jospin avait lancé les emplois jeunes à destination des bacheliers, sans jamais réussir à convaincre les employeurs privés d'embaucher 350 000 jeunes comme il s'y était engagé. Jean-Pierre Raffarin a créé les contrats jeunes, un dispositif censé favoriser l'insertion des moins qualifiés dans les entreprises. Première traduction du programme social de Jacques Chirac, la loi, votée le 1er août dernier, vise en effet les 16 à 22 ans dont le niveau scolaire est inférieur au bac. Les entreprises qui engageront un jeune en CDI payé au smic pourront en contrepartie bénéficier d'exonérations sociales pendant trois ans. Le ministère du Travail parie sur l'embauche de 440 000 jeunes d'ici à 2005. Côté finance, l'État devrait débourser 25 millions d'euros en 2002 et jusqu'à 500 millions la dernière année.

Si la mesure n'a guère suscité d'oppositions, des voix s'élèvent pour dénoncer l'absence de formation obligatoire. « Or, dans les entreprises, les contraintes de production sont telles que si la formation n'est pas imposée, elle risque de passer à la trappe », critique Daniel Croquette, ex-président de l'Association française pour l'expansion par la formation (Afref) et nouveau délégué général de l'ANDCP. De fait, le gouvernement s'en remet aux partenaires sociaux pour organiser au niveau des branches professionnelles la validation de l'expérience acquise au travail. Seul hic : sur le terrain, les procédures de VAE montent lentement en charge. « Les acteurs de la formation vont devoir s'organiser assez rapidement s'ils veulent répondre aux demandes de validation des jeunes. Dans le cas contraire, ces derniers auront le sentiment d'avoir été trahis », prévient Pierre Courbebaisse, vice-président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP).

D'aucuns craignent que la mesure fasse aussi de l'ombre à l'alternance et menace les contrats d'apprentissage, déjà en perte de vitesse. Les plus âgés, qui peuvent bénéficier d'un contrat de qualification adulte, risquent d'être laissés pour compte. « L'apprentissage et l'alternance doivent rester les principaux outils d'insertion. Or, financièrement, le contrat Fillon est plus avantageux pour un employeur qui dispose de son salarié à temps complet. Quant aux jeunes, attirés par l'idée de gagner le smic, ils vont préférer opter pour ce dispositif », estime Pierre Courbebaisse. Le contrat jeune signifierait-il la fin des arpètes ?

Auteur

  • Sarah Delattre