Siemens fête ce mois-ci le premier anniversaire d'Hermès, son système d'e-recrutement. Lors de son lancement, la filiale française du groupe industriel allemand devait rapidement trouver 500 à 600 jeunes diplômés et jeunes cadres. Inauguré en février 2001, Hermès a engrangé la première année 10 000 candidatures. L'occasion pour Siemens de se constituer un véritable trésor de guerre qui compte aujourd'hui près de 5 300 CV. En pariant sur l'e-recrutement, Siemens voulait centraliser les candidatures et mieux les partager en créant un vivier commun. L'entreprise péchait par la diversité de ses filiales et leur dispersion géographique. « Auparavant, si le DRH de Siemens VDO recevait un CV intéressant auquel il ne pouvait pas répondre, il n'avait aucun moyen de partager cette information avec son homologue de Siemens Transportation Systems, ni avec aucune autre des 28 filiales de Siemens en France », explique David-Alexandre Gava, responsable de la coordination du recrutement.

L'entreprise s'est également dotée d'une bourse à l'emploi en 1999 pour booster la mobilité interne. « Mais le système comportait des failles, relève le responsable. À l'époque, une personne était chargée de récolter auprès de toutes les entités les postes à pourvoir. 50 % ne passaient pas par la bourse à l'emploi. » L'existence d'un marché noir de l'emploi interne a poussé le service du recrutement à se doter d'un système en ligne capable de faire le lien entre mobilité et recrutement externe. Pour capter les candidatures des internautes et mieux gérer la mobilité interne, la bourse à l'emploi est adossée au site Internet RH. « Nous l'avons développé en interne. À l'époque, aucune solution technologique proposée par le marché ne nous convenait », poursuit David-Alexandre Gava. L'idée était de doter les 40 recruteurs des filiales d'un outil qui permette de recruter mieux, plus vite et à moindres frais.

Quinze minutes pour un CV en ligne

Le système Hermès a considérablement responsabilisé les recruteurs. Chacun gère désormais la diffusion des offres d'emploi dans l'entreprise mais aussi à l'extérieur. Ils rédigent eux-mêmes le profil du poste et celui des candidats. Les annonces restent sur l'intranet du groupe pendant quatorze jours pour favoriser les mouvements de salariés en interne. Puis, automatiquement, le système les bascule vers le site RH de Siemens, ceux de l'Apec, de l'ANPE et de job boards. Pour faciliter le travail des recruteurs, Hermès les alerte également dès qu'un candidat répondant aux critères de sélection qu'ils ont fixés entre dans la base de données. Côté candidats, Hermès apparaît avant tout comme un moteur de recherche. Sur le site interne à l'entreprise, l'internaute peut visualiser l'ensemble des postes ou des stages proposés. Une sélection par secteur d'activité, zone géographique, leur permet de cibler leur demande. Ils ont également la possibilité de laisser leur CV grâce à un formulaire en ligne. « L'opération dure un bon quart d'heure, précise David-Alexandre Gava. Si le candidat ne remplit pas sérieusement ce CV électronique, son dossier ne sera pas pris en compte. C'est une façon d'écarter les candidats les moins motivés et de se prémunir des adeptes d'une sorte de Spam [en l'occurrence l'envoi aveugle de CV sur les sites des entreprises, NDLR]. » Là encore, un système d'alerte prévient les candidats qui le souhaitent dès qu'un poste mis en ligne répond à leurs critères. Hermès leur garantit surtout une meilleure visibilité de leur CV auprès des responsables des ressources humaines. « Toutes les candidatures, qu'elles soient spontanées ou qu'elles se rattachent à un poste mis en ligne, tombent dans un pot commun, partagé par l'ensemble des recruteurs des filiales, poursuit le coordinateur. Notre souci est de ne pas passer à côté des bons candidats. Peu importe l'entité qui les recrute. »

Un an après le lancement d'Hermès, moins de 5 % des postes échappent à la mise en ligne. Une purge automatique de la base de CV tous les cinq mois permet à l'entreprise d'entretenir un vivier frais. « Nous envoyons régulièrement un mail aux internautes qui ont laissé un CV pour savoir s'ils cherchent encore un emploi », note David-Alexandre Gava. Si Siemens n'a pas fait une croix sur les autres méthodes de recrutement, les autres budgets ont fondu comme neige au soleil. « Nous accentuons nos efforts en communication d'entreprise pour inciter les internautes à se rendre sur notre site et augmenter le flux de visiteurs. Même si certains profils, comme les cadres dirigeants, envisagent encore mal de se faire recruter via le Net », ajoute le coordinateur. Il y a encore deux ans, Siemens traitait 75 % des candidatures sur papier. Aujourd'hui, 70 % des dossiers le sont via le Web !