L’économie française a bien résisté à la crise du Covid. Voilà pour la bonne nouvelle. Mais avec la hausse du prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine, l’urgence climatique accélérant les risques de pénurie ou, dans un autre registre, les difficultés de recrutement dans les métiers pénibles depuis la crise sanitaire, le monde est en plein bouleversement : « Nous passons d’une économie de l’abondance à celle de la rareté », résument Patrick Artus et Olivier Pastré, membres du Cercle des économistes. Leur livre campe les enjeux de ce changement. Cette transition « va être difficile » pour tous, avec la hausse des taux d’intérêt. Il faudra consommer moins d’énergie et « que les entreprises acceptent des rentabilités plus faibles en capital », jugent les auteurs. D’un côté, les salaires ont « augmenté de 4 % dans la zone euro » en 2022, traduisant un marché du travail plus favorable aux salariés dans certains métiers en tension. Mais le retour de l’inflation change la donne : pour les foyers modestes, « la pression sur les États et les entreprises pour stabiliser le pouvoir d’achat des ménages va devenir très forte ». Car, pour Patrick Artus et Olivier Pastré, cette flambée des prix due à la rareté va durer… Dans leurs suggestions, ils semblent favorables à l’augmentation des bas salaires. Et au soutien de l’État envers les ménages modestes. Enfin, considèrent-ils, l’ère de la transition énergétique devrait favoriser « un capitalisme de partenariat » entre les entreprises et l’État, plus régulé.

Patrick Artus, Olivier Pastré, Éd. Odile Jacob, 192 pages, 18,90 euros.