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Édito

Mais où est vous ?

Édito | publié le : 01.05.2023 | Lucy Letellier

Tu/vous les deux pronoms antinomiques par essence. Mais le sont-ils vraiment ? N’est-ce pas nous, en pensant devoir faire un choix d’emblée, qui les opposons ? Si, dans la sphère privée, cet arbitrage relève d’un choix d’individus, dans la sphère professionnelle, que traduit-il ? Est-il véritablement un choix ? Le « tu » n’a-t-il pas trop tendance à se voir imposer en niant la fragile construction des interactions humaines ?

Si tutoyer c’est se rapprocher, c’est penser embarquer pour participer à cet esprit tant recherché de groupe, de valeurs communes et de projet d’entreprise, le faire d’emblée n’est-il pas trop rapide ? N’est-ce pas alors brûler des étapes nécessaires à la construction d’une relation saine et égalitaire, sans s’imposer à l’autre ? N’est-ce pas édicter de facto un esprit de promiscuité à, par exemple, un nouveau collaborateur, quitte à le heurter ? N’est-ce pas supprimer une période de fiançailles nécessaire qui constitue une période de construction lente, mais aussi d’observation ?

Le « tu » n’est pas un moyen, il est l’incarnation de l’accord de deux parties. Tutoyer d’emblée, en pensant fédérer plus rapidement, est donc probablement une erreur, une vile erreur.

L’origine de cette erreur repose, en partie, sur l’opposition quasi systématique que nous donnons au couple vous/tu. En réalité, il s’agit davantage d’un partenariat, d’une course de relais. Un relais que nous passons quand les voyants sont au vert, le vouvoiement utilisé lors des premières interactions permet de garder une neutralité émotionnelle, de favoriser une construction avec une distance respectueuse de la relation et donc probablement plus solide à moyen et long terme. Littéralement « au temps pour moi ».

Auteur

  • Lucy Letellier