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Idées

Les HEC en quête de sens

Idées | Livres | publié le : 01.09.2022 | Frédéric Brillet

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Les HEC en quête de sens

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Faire dialoguer des dirigeants et futurs dirigeants sur la question du sens, des valeurs, de l’authenticité : telle est l’ambition de l’ouvrage choral « Enquête de sens » où deux enseignants d’HEC donnent la parole à des dirigeants d’entreprises et à des étudiants de cette école. Les premiers s’y confient avec une franchise peu commune sur le sens qu’ils trouvent à leur action, mais aussi parfois leurs doutes ou états d’âme face aux exigences de performance des actionnaires, tant en tant que personnes que représentants de ces organisations. En réponse à leur témoignage, des femmes et des hommes, futurs dirigeants et dirigeants formés au sein de l’institution HEC Paris, prennent la parole librement à leur tour. Par ce dispositif, Rodolphe Durand et Cécile Lavrard-Meyer de Lisle entendent « révéler les chemins escarpés qui unissent le versant personnel et intime de chacun – le territoire d’origine, les rencontres qui décentrent, les croyances – et le versant organisationnel. Le versant personnel et intime est l’ubac, à l’ombre et moins souvent éclairé. Le versant organisationnel est l’adret, sous la lumière et le jugement du collectif qui fondent l’organisation, et exposent le décisionnaire en tant qu’acteur forcément social ». Les étudiants interpellent les entreprises et les enjoignent à s’interroger sur leur raison d’être, sur qui a été enfoui sous la logique dominante du profit et à communiquer sur les difficultés à effectuer une transition vers des modes de production durables. Soumis à des exigences de performance sur le court terme quand il s’agit d’entreprises cotées, les dirigeants qui se livrent ici aspirent également à un capitalisme à visage plus humain, ouvert à la RSE. Cette aspiration constitue une rupture par rapport au passé. Ainsi Hubert de Boisredon, PDG du groupe industriel Armor raconte que la première page de son manuel d’étudiant de finance internationale indiquait que « le but de l’entreprise est de maximiser le profit pour ses actionnaires » et qu’il était mal à l’aise avec cette finalité. Aujourd’hui il considère que l’engagement environnemental et sociétal, doit être considéré comme un but en soi découlant d’une « conviction » « parce que le monde en a besoin » et « jamais comme le moyen d’une plus grande performance ». Pourtant, beaucoup de ses pairs se soucient de RSE uniquement parce qu’ils prennent conscience qu’une entreprise plus responsable va améliorer son image, ses ventes, ses profits et in fine la rémunération qui leur est versée, alignée comme il se doit sur celle des actionnaires… Mais comme disait Deng Xiaoping « Peu importe que le chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape la souris »

« En quête de sens : dialogue entre dirigeants et futurs dirigeants »,

ouvrage collectif dirigé par Rodolphe Durand et Cécile Lavrard-Meyer de Lisle (Dunod, 22 euros)

Auteur

  • Frédéric Brillet