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Vie des entreprises

Formation : accord et désaccords

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.06.2001 | Valérie Lespez

Principale pomme de discorde entre partenaires sociaux sur la formation professionnelle : doit-elle être de la responsabilité de l'entreprise ou du salarié ?

Engagées, depuis le 20 décembre dernier, dans une négociation sur la réforme de la formation professionnelle, les organisations syndicales et patronales ont encore trois réunions d'ici à juillet pour trouver les bases d'un accord. Vaste chantier : « Il s'agit de faire évoluer les mentalités et pas seulement les dispositifs », résume Bruno Lacroix, l'un des chefs de file, avec Francis Mer, de la délégation du Medef. Après quatre réunions, les partenaires butent encore sur la responsabilité de l'entreprise et sur celle du salarié dans la formation. Fin mars, le Medef avait proposé de « sortir » le temps de formation du temps de travail, suscitant un haro syndical. Même si l'organisation patronale a assoupli sa position, l'articulation temps de formation-temps de travail reste au cœur des discussions. Le Medef suggère par exemple de créer un compte épargne formation.

« Ce compte épargne temps serait alimenté par des jours de congé, de RTT, ou des primes. En clair, la responsabilité de la formation serait transférée sur le salarié, ce que nous n'acceptons pas », souligne Jean-Michel Joubier, responsable de la formation initiale et continue à la CGT. « Nous ne cherchons pas du tout à transférer sur le salarié les obligations de l'employeur, rétorque Bruno Lacroix. Nous cherchons à créer un nouveau domaine de développement concerté des compétences grâce au coïnvestissement de l'entreprise et du salarié, à aller plus loin que le simple plan de formation (toujours à la charge de l'employeur), dans une logique où chacun trouve son compte. »

Le coïnvestissement envisagé par le Medef présente d'autres défauts, estime la CFDT. « Il ne résout pas le problème de l'appétence à la formation, regrette Annie Thomas, secrétaire nationale chargée de l'emploi et de la formation professionnelle à la confédération. L'envie de se former n'est pas innée, d'autant que la formation peut être perturbante et engendrer une grande frustration si elle ne se traduit pas par un plus. » Pour inciter les salariés à se former, le Medef compte pourtant sur ce fameux compte épargne formation « dont le salarié choisira l'utilisation ». Il propose aussi une information sur l'évolution des métiers, une aide au projet professionnel et une reconnaissance des capacités du salarié par la validation de ses acquis professionnels.

Résoudre les inégalités

Malgré les désaccords, la négociation a le mérite d'aborder des thèmes jusqu'ici peu explorés, comme le cas des salariés en CDD ou la formation dans les petites entreprises. « Les dispositifs existants se traduisent par une inégalité d'accès à la formation. Le véritable enjeu aujourd'hui est bien le développement des qualifications de tous », indique Jean-Michel Joubier, de la CGT. « Si nos discussions aboutissent, c'est, parmi tous les sujets abordés dans le cadre de la modernisation sociale, celui qui aura le plus de conséquences pour les salariés », affirme Annie Thomas. Reste que les négociateurs ont encore du pain sur la planche. « Nous allons rester sur le terrain politique jusqu'à l'été, prévoit Annie Thomas, renvoyant à l'automne les discussions sur la « tuyauterie ». En ce qui concerne la formation des jeunes, sujet abordé à la rentrée, la CFDT souhaite voir l'État et les conseils régionaux s'associer aux discussions.

Auteur

  • Valérie Lespez