Vous cherchez le SIA ? Demandez la CFTC ! L’année prochaine, les salariés de Stellantis qui seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants au CSE seront peut-être surpris de ne pas trouver, parmi les bulletins proposés, celui du syndicat autonome de l’automobile. Une institution, pourtant, au sein de l’ancienne maison Citroën, puis Peugeot, qui, sous ses divers avatars successifs (du Sisc1 à la CSL2 en passant par la CFT3) occupait le terrain depuis 1959 dans les usines du constructeur automobile et de certaines de ses filiales. Pourtant, des encartés du SIA seront bien présents à l’élection, mais… sur les listes CFTC. La fin d’une histoire ? « Pas la fin, la continuité ! », rétorque Jean-Marie Roy, responsable de section SIA sur le site de Vélizy. Et l’adaptation à une réalité. En 2018, pour la première fois, le syndicat indépendant de l’automobile est passé sous la barre des 10 % aux élections du personnel et s’est donc vu privé de sa place à la table des négociations. « Cela s’est joué de peu, nous avons terminé à 9,7 % environ… il nous manquait 200 voix pour atteindre la barre des 10 % et rester représentatifs », soupire le syndicaliste de Vélizy. S’il conserve quelques élus au sein de certains établissements, le coup n’en reste pas moins rude pour le SIA qui aujourd’hui, ne pèse plus au niveau du groupe alors que ce dernier, devenu Stellantis, ouvre désormais ses instances représentatives du personnel internationales aux syndicats allemands ou italiens.

Longtemps considéré – à raison jusqu’au début des années 1980 – comme « le syndicat de la direction » chez Peugeot, l’audience du SIA s’est progressivement érodée au fil des décennies. Une histoire trouble, marquée par des cassages de grèves et de gueules de militants cégétistes à l’époque où il portait encore les couleurs de la CFT ou de la CSL, lui vaut encore aujourd’hui une réputation de « syndicat jaune » auprès d’une partie de la base ouvrière malgré son aggiornamento réformiste et quelques belles bagarres menées contre la direction de PSA dans un passé plus proche. En 2019, Michel Delignat, le secrétaire général du syndicat confiait à « Liaisons Sociales Magazine » que l’organisation n’avait plus que le choix entre fermer boutique et chercher des alliés. Des alliés qu’elle espérait à l’époque trouver plutôt du côté de l’Unsa. « Mais ils n’ont pas répondu à nos sollicitations alors que la CFTC, elle, a accepté », résume Jean-Marie Roy. Sur le papier, l’alliance a du sens. Ajoutés au 16,7 % de la CFTC (quatrième aux élections derrière FO, la CFE-CGC et la CGT), les 9,6 % du SIA permettraient à la future liste commune de dépasser les 19,8 % réalisés par FO, aujourd’hui en tête du classement chez Stellantis. « C’est très théorique. En syndicalisme comme en politique, 1 plus 1 ne font pas automatiquement 2 », tempère Franck Don, délégué syndical central CFTC au sein du groupe. La centrale chrétienne s’est cependant révélée dure en affaire au moment de la négociation de la liste unique : si celle-ci s’ouvrira aux militants du SIA, pas question d’accoler les logos. Seule la colombe bleue au rameau d’olivier de la CFTC figurera sur l’en-tête. Un petit pincement au cœur pour le syndicat indépendant mais qui pourrait tout de même y gagner au passage. « S’associer à la CFTC peut nous permettre de revenir à la table des négociations chez Stellantis, mais aussi d’accéder aux négos de branche de la métallurgie », explique Jean-Marie Roy. Bref, un deal gagnant-gagnant… si les électeurs suivent.

1959

Création, chez Citroën, du SISC, qui deviendra la CFT (1968), la CSL (1977) puis le SIA (2002)

2018

le SIA passe en dessous de la barre de la représentativité chez PSA

2021

rapprochement électoral avec la CFTC