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« L’intéressement demeure un levier sous-utilisé »

Dossier | publié le : 01.12.2021 | F.B

 

Cyril Brégou, associé de People Base CBM, cabinet conseil en rémunération et politique salariale, préconise une meilleure utilisation de l’intéressement, plus incitative que la PEPA pour motiver et fidéliser les salariés.
 
Tout pousse les entreprises à accorder des augmentations substantielles en 2022 à l’issue des NAO. Certaines craignent une dérive des coûts, une perte de compétitivité. Quelles stratégies déploient-elles pour contenir cette poussée ?

Cyril Brégou : Les employeurs qui sont en décalage par rapport au marché devront lâcher du lest, comme l’hôtellerie-restauration. Notre enquête annuelle laisse présager que les NAO se solderont par une hausse au-delà de + 2 % en 2022, qui sera essentiellement distribuée en mode individuel plutôt que collectif. On constate un changement d’état d’esprit dans la population active qui freine le retour dans les métiers en tension cumulant des conditions de travail difficiles et des bas salaires. Ces personnes peu qualifiées ont pu durant la crise sanitaire prendre conscience que dans d’autres secteurs on pouvait gagner autant en travaillant moins. Mais toutes ne pourront pas se réorienter et les employeurs dans les secteurs délaissés devront faire un effort qui va bien au-delà des rémunérations. à défaut de pouvoir beaucoup augmenter les collaborateurs, ils peuvent réfléchir à des aménagements d’horaires, développer le télétravail quand c’est possible pour regagner en attractivité. Pour fidéliser le personnel, ils doivent également mieux former les managers de premier niveau au leadership, à la communication, au coaching. Ceux-ci se contentent trop souvent de transmettre à leurs collaborateurs la pression qu’on leur met pour atteindre les objectifs.

Quels leviers les employeurs ont-ils intérêt à actionner dans le cadre des NAO au sens large qui incluent souvent la prime Macron ?

C.B : L’intéressement demeure un levier sous-utilisé ou mal utilisé au regard des avantages qu’il procure. Les grands groupes s’y sont massivement convertis mais trop souvent ils calquent son calcul sur celui de la participation qui se fonde sur les seuls bénéfices et doit se plier à la réglementation. C’est dommage car l’intéressement peut se moduler et intégrer d’autres critères en ligne avec la stratégie et les priorités de l’entreprise. On peut par exemple lier l’intéressement à la réduction des accidents du travail, à la satisfaction client. Ce dispositif devient alors beaucoup plus incitatif pour les collaborateurs. En outre, l’intéressement quand il est bien conçu peut s’autofinancer puisque les revenus distribués par ce biais sont « payés » par les gains générés. Et les montants distribués peuvent être substantiels, au point que des organisations syndicales qui y sont hostiles au départ finissent par signer des accords d’intéressement.

La PEPA constitue-t-elle un levier intéressant ?

C.B : J’en suis moins convaincu car cette prime distribuée a posteriori et sans contrepartie n’est ni pérenne ni stimulante. Elle ne contribue pas à la fidélisation puisque les bénéficiaires peuvent la toucher et partir le lendemain. La PEPA n’aligne pas les priorités du salarié sur celles de l’entreprise, contrairement à l’intéressement. Mais les secteurs en pénurie de main-d’œuvre se sentent obligés de la verser car c’est simple et rapide à mettre en place.

Auteur

  • F.B