« Obligations vertes », « fonds responsables », nombre d’acteurs ont l’intuition que le récit de la finance verte est un leurre, « un nouveau filon pour les entreprises qui s’affichent écoresponsables ». Mais comment fonctionne ce marché financier ? Dans ce livre pointu, Alain Grandjean, économiste membre du Haut conseil pour le climat et l’ancien banquier Julien Lefournier décryptent « l’illusion de la finance verte ». Analysant les rouages de ce marché, les auteurs montrent son opacité et son inefficacité : « personne ne sait ce qu’est un investisseur vert ». Les investissements mondiaux dans des fonds étiquetés verts restent toujours motivés par le rendement, « la soutenabilité ne jouant qu’un rôle mineur ». Green-bond émises pour financer un projet vert, effets pervers des investissements socialement responsables (ISR, fondement de la RSE), ce livre sérieux, engagé, met en lumière un marché qui ne finance rien, ne servant « qu’à l’effet d’image » des grands groupes. Face à ce système « creux », les auteurs appellent à une planification politique et financière ambitieuse face à l’urgence climatique. « L’État doit prendre ses responsabilités », ne pas laisser la main aux marchés, avec un double défi : encourager sérieusement l’innovation verte, mais aussi amorcer « la décroissance brune », en interdisant l’achat et la fabrication de produits polluants, en accompagnant les reconversions des salariés. La taxe carbone, nécessaire à leurs yeux, serait insuffisante pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris…

Alain Grandjean, Julien Lefournier, Ed. de l’Atelier, 240 pages, 21 euros.