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Édito

Retraite sur les retraites

Édito | publié le : 01.10.2021 | Benjamin d’Alguerre

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Retraite sur les retraites

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

La guerre des retraites n’aura pas lieu. Du moins pas tout de suite. Le 12 juillet dernier, pourtant, tout semblait plié. Un président de la République raide comme un piquet avait annoncé en direct dans la petite lucarne la fin de la pause Covid et la reprise des chantiers sociaux mis provisoirement sous le tapis après l’irruption du coronavirus dans l’actualité début 2020. Reprise de la réforme de l’assurance-chômage, reprise de la réforme des retraites. Non pas dans l’optique de repartir à zéro après les importantes mobilisations de la fin 2019 – même l’accommodante CFDT, pourtant favorable à l’instauration d’un régime universel par points, avait rejoint les manifs lorsque l’exécutif avait franchi la ligne rouge tracée par l’organisation de Laurent Berger, à savoir l’instauration d’un âge pivot – mais bien là où on l’avait laissée un an et demi auparavant, âge-pivot fixé à 64 ans compris. Il n’en fallait pas plus pour que l’opposition retrouve quelques couleurs, que les syndicats se remettent à donner de la voix et que la droite, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse en tête, ne joue la surenchère en proposant un report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Bref, sur le papier, tous les ingrédients pour une rentrée sociale incendiaire en septembre étaient réunis. Placez deux minutes au micro-ondes thermostat maximum, saupoudrez d’opposition excitée au passe sanitaire, servez brûlant.

Et puis… rien. La prudence, l’appel au calme et puis, finalement, la renonciation. Retraite sur les retraites. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est Geoffroy Roux de Bézieux qui, le premier, a rattrapé Emmanuel Macron par la manche. Une réforme des retraites, d’accord, mais après la présidentielle et une fois que tous les candidats se seront positionnés sur le sujet, a-t-il indiqué en substance lors de l’Université d’été de son mouvement, fin août. C’est qu’il ne faudrait pas gâcher une rentrée placée sous le signe du rebond économique avec des perspectives de croissance fin 2021 alors l’actualité sociale est davantage marquée par les pénuries de main-d’œuvre, l’adaptation des compétences et les hausses de salaires au-delà des 2,2 % d’augmentation du smic – soit 35 euros de plus par mois sur la feuille de paye – entrés en vigueur le 1er octobre. À l’heure où ces lignes vous parviendront, plusieurs syndicats de salariés, mais aussi lycéens ou étudiants fourbissent pancartes et calicots pour battre le pavé le 5 de ce mois à l’appel de la CGT, pour mettre la pression au Gouvernement et au patronat afin que ces derniers engagent une politique en faveur du pouvoir d’achat. D’ores et déjà, le camp réformiste (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) a annoncé qu’il ne se joindrait pas au mouvement. Les retraites ? Repoussées après le mois de juin. Emmanuel Macron avait conditionné cette reprise de la réforme à deux conditions : une pandémie maîtrisée et une reprise économique assurée. Aujourd’hui, « les conditions ne sont toujours pas réunies », a tranché Jean Castex. Fermez le ban. L’heure n’est plus aux déclarations télévisées fracassantes, mais plutôt au recul. Pour mieux sauter ?

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre