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Décodages

« Il n’est pas illogique que la question du passe sanitaire divise au sein d’un syndicat »

Décodages | Syndicats | publié le : 01.10.2021 | B. d’A.

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« Il n’est pas illogique que la question du passe sanitaire divise au sein d’un syndicat »

Crédit photo B. d’A.

La lutte contre le passe sanitaire relève-t-elle du combat syndical ?

Stéphane Sirot : C’est une question complexe. Certaines organisations justifient leur mobilisation contre le passe sanitaire par le risque de suspension du contrat de travail qu’il fait peser sur les salariés qui refuseraient de s’en munir. C’est le cas notamment de la CGT. Mais en interne, les dissensions existent. Sur mes quelque 3 000 contacts Facebook, je compte une large proportion de militants syndicaux et je peux donc suivre leurs débats qui tournent parfois à l’invective, car les opinions sont divergentes entre ceux qui se réclament de la défense du droit du travail, n’hésitant pas à aller jusqu’à réclamer l’obligation vaccinale, et ceux qui s’inquiètent de la mise en place d’une société de surveillance. Ceux-là, à la différence de l’extrême-droite, n’utilisent pas l’expression « dictature sanitaire », mais se préoccupent de l’accumulation de mesures d’urgence attentatoires aux libertés prises dans le cadre de la pandémie. Pour eux, l’instauration du passe sanitaire est un pas de plus vers cette société du contrôle. Il n’est d’ailleurs pas illogique que cette question divise au sein d’un même syndicat : si le bénéfice de la vaccination est collectif, accepter l’injection est une démarche personnelle. Il n’est donc pas possible de se ranger derrière une position largement partagée comme dans un combat syndical classique.

Sur le terrain, comment se traduit cette division ?

S. S. : Un peu de même manière qu’à l’époque des « gilets jaunes », entre ceux qui estimaient qu’il fallait les soutenir pour que l’extrême-droite ne récupère pas le mouvement et ceux qui avaient décrété que les « gilets jaunes » étaient des « fachos » et que la place de la CGT n’était pas à leurs côtés. Aujourd’hui, la Confédération est tiraillée entre sa sympathie spontanée pour les mouvements sociaux, en particulier quand une part des revendications concerne le droit du travail, et le risque de se couper d’une opinion publique très majoritairement pro-vaccin. Il faut aussi tenir compte que la pandémie a coupé son élan dans sa contestation contre la réforme des retraites en 2019-2020. À neuf mois de la présidentielle, elle a besoin de montrer qu’elle peut à nouveau mobiliser dans la rue mais sur d’autres sujets que la seule question sanitaire.

À la différence des organisations radicales comme la CGT et Sud, les réformistes semblent moins concernés par la question. Pourquoi ?

S. S. : Dans son expression nationale, la CFDT est favorable à la vaccination généralisée. Souvenons-nous que début juillet, Laurent Berger s’est même associé à Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, pour lancer à un appel commun à l’amplification de la vaccination des salariés. FO, de son côté, est moins à l’aise : la Centrale est favorable au vaccin, mais, comme souvent, l’organisation se positionne sur une ligne de crête entre contestation et compromis sans vouloir donner l’impression de jouer les relais de la politique gouvernementale.

Auteur

  • B. d’A.