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Quoi qu’il en coûte(ra) ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.03.2021 | Jean-Claude Mailly

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Quoi qu’il en coûte(ra) ?

Crédit photo Jean-Claude Mailly

Confinement, reconfinement, couvre-feu, variants, taux de positivité, gestes barrières, pandémie, masques, vaccins ARN : autant de mots que l’on découvre ou redécouvre et qui peuplent les médias et les conversations.

Mais le maître-mot de cette période, c’est incertitude. Incertitude pour l’évolution de l’épidémie, incertitude pour les entreprises qui ont, pour beaucoup d’entre elles, du mal à se projeter, qui freinent les investissements et entament des restructurations, incertitude pour les individus qui craignent pour leur santé physique et mentale, leur activité, leur emploi, incertitude pour les pouvoirs publics quant aux conséquences de cette situation qui plus est à 14 mois de l’élection majeure qu’est la présidentielle.

« En même temps » des signaux positifs doivent être relevés : apparition rapide de vaccins, adaptabilités multiples des individus et structures, dogmes économiques européens bousculés, débats nourris sur l’organisation du travail, en raison notamment du télétravail, mise en avant de celles et ceux dits de deuxième ligne mais non encore reconnus, nécessité de revaloriser les rémunérations à l’hôpital et dans le médico-social (Ségur de la santé) et attentes très fortes sur la réforme du financement et de la gouvernance, soutien financier important des pouvoirs publics (le « quoi qu’il en coûte »).

Mais il n’en reste pas moins que les signaux négatifs s’accumulent avec la durée de la pandémie. C’est le cas pour les entreprises qui mettent la clef sous la porte avec des dirigeants sans ressources, pour les salariés qui vont perdre leur emploi, pour tous les jeunes en difficulté matérielle et morale en tant qu’étudiants ou en recherche de travail, sans parler des conséquences psychologiques pour la population, y compris avec la restriction des libertés.

Commence également le débat sur la dette et son avenir. Il sera, à n’en pas douter, vif entre d’un côté ceux qui plaident pour son annulation, de l’autre ceux qui plaident sans le dire pour un retour au monde d’avant et la mise en place de mesures restrictives, c’est-à-dire d’austérité. Comme souvent la solution doit être autre. D’abord il ne faudrait pas que le « quoi qu’il en coûte » se transforme en « quoi qu’il en coûtera » pour la population. Le remboursement devra se faire en jouant sur le temps, c’est-à-dire en faisant rouler la dette. Il faudra également que le Gouvernement ne réduise pas brutalement les diverses aides et qu’il adapte son calendrier en fonction de la situation, ce qu’apparemment il envisage de faire. Il devra également, en 2022, lors de sa présidence de l’Union Européenne, travailler à une réforme des traités dont on peut mesurer la lourdeur et la déconnexion avec le monde réel. Il serait aussi plus qu’opportun qu’il renonce à son projet de réforme des retraites et qu’il fasse confiance aux interlocuteurs sociaux pour une convention d’assurance chômage socialement et économiquement efficace. Quant aux grandes réformes à venir, dont la fiscalité, ce devra être pour le prochain mandat présidentiel.

Dans l’immédiat, avec les taux d’intérêt négatifs, la dette n’est pas un problème majeur même si cette situation génère des bulles, notamment spéculatives et immobilières (il est plus intéressant de spéculer que d’investir !), bulles qui finiront par éclater. Là encore, compte tenu de l’impact mondial de la pandémie, des actions internationales concertées de régulation sont nécessaires. La mondialisation version laissez-faire doit laisser la place à une mondialisation régulée dans laquelle l’Europe doit prendre toute sa place.

Auteur

  • Jean-Claude Mailly