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Édito

Vices et vertus du distanciel

Édito | publié le : 01.11.2020 | Jean-Paul Coulange

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Vices et vertus du distanciel

Crédit photo Jean-Paul Coulange

C’est une affaire entendue : le travail à distance est économique, sûr et moderne, pour ne pas dire « tendance », et celui sur site, dangereux, coûteux et ringard. Certaines entreprises, et non des moindres – PSA notamment – envisagent de faire du télétravail la norme et le travail sur site, l’exception. Dans ces conditions, on ne pourra plus dire « se rendre sur son lieu de travail » pour parler de l’usine ou du bureau, tout comme on ne pourra pas qualifier de lieu de travail, son propre domicile. Au rancart, le « métro-boulot-dodo ».

Les vertus du travail à distance sont évidentes : économie de mètres carrés pour l’entreprise, gain de temps pour le salarié dispensé du trajet domicile-travail, et réduction de l’empreinte carbone pour tout le monde. Il ne manque plus qu’un bel accord d’entreprise pour régler les aspects techniques et pécuniaires, avec équipement informatique, mobilier de bureau, connexion Internet et remboursements de chauffage et d’électricité à la clé, voire des frais de repas pris à domicile, et le tour est joué. Hormis pour les promoteurs spécialisés dans l’immobilier de bureaux, pour les restaurants, les cafés et les marchands de journaux, c’est du gagnant-gagnant. Et pendant qu’on y est, on prendra aussi ses cours d’anglais en distanciel, ses séances de yoga en visio et on visitera, pendant le week-end, le château de Versailles en virtuel. Une vie de rêve, à l’abri des intempéries, de la foule, et du coronavirus !

Plus sérieusement, même si le tout-télétravail n’est pas l’option a priori retenue par les directions générales et par les salariés eux-mêmes, on commence déjà à voir les limites du distanciel. La rupture du lien social qui fait de l’entreprise une communauté de travail en est une. Le quasi-burn-out des managers, qui s’échinent depuis six mois à animer des équipes désormais virtuelles, en est une autre. L’intégration des nouvelles recrues, n’en parlons pas. Pour les salariés qui prennent un mandat dans une instance représentative du personnel ou qui souhaitent militer dans une organisation syndicale, le télétravail est une vraie gageure. Pour les tenants d’une culture d’entreprise, le distanciel est une vraie catastrophe. Tout est une question de dosage, direz-vous. Travailler deux jours à domicile et venir trois jours au bureau semble être le bon compromis. Soit, si la majorité y consent. Mais le travail ne va pas y gagner du sens et de la valeur, sauf si les directions des ressources humaines prennent la chose au sérieux en repensant complètement les organisations de travail. Au sein de Schneider Electric, le projet s’intitule « New Ways of Working », et il a été lancé avant la pandémie.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange