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Un pied dans le travail, un autre dans l’emploi

Actu | Eux | publié le : 01.11.2020 | Benjamin d’Alguerre

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Un pied dans le travail, un autre dans l’emploi

Crédit photo Benjamin d’Alguerre

La direction générale du Travail a-t-elle hérité du profil idéal pour remplacer Yves Struillou à sa tête ? En tout cas, l’exécutif n’aura mis que trois semaines à trouver le nom de son successeur. Pierre Ramain, 42 ans, maître des requêtes au Conseil d’État, ancien de la promotion Leopold Sedar Senghor de l’ENA où il aura notamment côtoyé Emmanuel Macron, présente un parcours atypique pour ce poste. « Un DGT qui possède la double compétence travail-emploi, ce n’est pas si courant. On n’avait pas vu ça depuis le passage de Martine Aubry à la direction des Relations de travail entre 1984 et 1987 », se souvient Gilles Gateau, directeur général de l’Apec et ancien conseiller social de Manuel Valls.

Ce profil de couteau suisse, Pierre Ramain l’a construit au fil d’une carrière placée sous le sceau du social. La DGEFP puis la Direccte Île-de-France, le cabinet des Premiers ministres Manuel Valls et Bernard Cazeneuve en tant que conseiller travail, emploi, dialogue social… Le haut fonctionnaire a même connu un passage dans le privé à fin des années 2000 au sein du cabinet Altedia (aujourd’hui LHH). Deux ans seulement, mais qui le marqueront. « Nous étions alors engagés sur le sujet de la revitalisation chez un grand constructeur automobile lors d’un plan de départs volontaires. C’est Pierre qui a eu l’idée d’y adjoindre un volet lié au mécénat de compétences pour permettre aux salariés de la “grande boîte” de faire profiter les PME de la région de leur savoir-faire » se souvient, admiratif, François Moreau, dirigeant de LHH.

De retour dans la haute administration, Pierre Ramain aura su imposer sa patte apaisante sur la loi de sécurisation de l’emploi de 2013 ou sur la réforme de la représentativité patronale. Gilles Gateau en témoigne : « Il a su faire passer la pilule auprès des employeurs en choisissant de mettre en place crescendo les dix critères de pénibilité au lieu de passer en force. »

« La DGT n’est plus l’instance juridique qu’elle a pu être autrefois. Aujourd’hui, c’est une direction opérationnelle dans le champ du dialogue social, de l’inspection du travail ou de la santé au travail. Concrètement, c’est une zone d’interférence permanente avec la DGEFP. Pierre Ramain connaît les deux univers », observe Jean-Denis Combrexelle, DGT de 2001 à 2014. C’est cette maîtrise qui a valu au conseiller d’État de se voir confier un rapport sur la restructuration des branches, dont une première version préconise de réduire leur nombre à cinquante. À lui désormais de mettre en chantier cet objectif. Autre projet : la poursuite de la réforme de l’inspection du travail engagée en 2014. Un dossier épineux sur lequel a buté son prédécesseur, Yves Struillou, contraint à la démission après l’affaire Anthony Smith, cet inspecteur du travail radié, puis muté, puis réintégré à la suite d’une action en justice. « Yves Struillou pouvait être cassant, voire brutal, dans sa façon d’opérer, et a fini par le payer. Pierre Ramain est plus rond, plus arrangeant, mais il va devoir arbitrer les conflits de logiques internes à l’inspection du travail, ce qui n’est pas une mince affaire », prévient un observateur du monde social. Vaste programme.

Pierre Ramain Directeur général du Travail.

2004

Ena, promotion Senghor.

2008-2010

Chargé de mission chez Altedia.

2015-2016

Conseiller travail, emploi, dialogue social à Matignon.

2017

Maître des requêtes au Conseil d’État.

Auteur

  • Benjamin d’Alguerre