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Des DRH pleins de ressources

Dossier | publié le : 01.10.2020 | Irène Lopez

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Des DRH pleins de ressources

Crédit photo Irène Lopez

La crise sanitaire due au coronavirus a poussé les DRH à revoir leur plan de prévention et introduire un volet risque épidémique. Quelles actions concrètes ont-elles développées ? Et comment les ont-elles mises en œuvre ? Réponses avec le groupe L’Oréal France et l’ETI EcoVadis.

« Le risque épidémique est un risque que nous n’avions pas anticipé, ni même envisagé, reconnaît Blandine Thibault-Biacabe, directrice des ressources humaines de L’Oréal France. Mais nous avons réagi très vite. À l’initiative des hauts responsables de la sécurité des sites administratifs, logistiques et industriels, tous placés sous la gouvernance du DRH, nous avons travaillé avec nos médecins du travail, infirmières et assistantes sociales pour mettre en place un plan d’action de prévention. » Le géant français des cosmétiques possède sa propre équipe de médecins du travail pour ses 134 000 salariés dans l’Hexagone. La DRH insiste sur le rôle central de ces médecins et infirmières qui ont été à l’écoute de la direction et des collaborateurs. Omniprésents pendant le pic de la crise sanitaire, ils ont rempli quantité de missions, exerçant notamment une veille médicale pour traduire les flux d’informations qui émanaient des autorités de santé afin de les rendre compréhensibles. Le plan de prévention a été mis en place au fil de l’eau de la crise sanitaire. Pendant le confinement, les rubriques des newsletters hebdomadaires envoyées aux salariés ont été étoffées. À côté des actualités et des infos business figuraient des données sur les mesures d’hygiène à respecter. Un service de téléconsultation médicale a été mis en place. Pour prévenir les risques psychosociaux, une plateforme de soutien psychologique, dotée d’une ligne directe, a également été créée. « Certains de nos collaborateurs étaient aidants. Ils devaient prendre en charge un parent âgé voire un conjoint et avaient besoin de soutien psychologique », explicite la DRH. L’aide était également nécessaire pour les managers qui n’avaient jamais expérimenté le management à distance. L’Oréal France possède une équipe de coachs chargés d’accompagner les managers dans leurs pratiques quotidiennes. Les plus aguerris d’entre eux ont été « réquisitionnés » pour aider, lors de séances appelées « flash coaching », les managers qui rencontraient des difficultés avec leurs collaborateurs. Certains salariés ont rencontré des problèmes physiques, comme le mal de dos. Travailler sur son lit ou sur un coin du plan de travail de la cuisine a occasionné des maux. Pour pallier les mauvaises postures, un guide réalisé en interne par les assistantes sociales et les infirmières a été envoyé aux salariés concernés.

Des fiches d’instruction très précises

Pour faire face à la reprise, à la suite au déconfinement, le plan d’action de prévention a été actualisé pour adapter les établissements aux consignes de sécurité. Plusieurs outils ont été mis en place, dont une formation en ligne appelée #safetogether, hébergée sur la plateforme e-learning du groupe, et un guide du déconfinement, tous deux, là encore, réalisés en interne.

La formation repose sur de courtes vidéos descriptives : comment se laver les mains, comment utiliser le masque, etc. « Cela paraît dérisoire aujourd’hui, mais, grâce à cette formation, nous avons tous appris à nous laver les pouces en nous nettoyant les mains, à manipuler le masque sans le souiller. C’est le mari d’une infirmière qui est à l’origine de ses saynètes. Il l’a filmée de façon informelle faisant les bons gestes. Nous avons décidé de nous servir de ces vidéos pour créer une formation. À l’issue de la formation, un test permettait de recevoir une certification, condition appréciée pour reprendre le chemin du travail », explique la DRH.

Le guide du déconfinement comprend des fiches d’instruction très précises. Pour le réaliser, des groupes de travail ont été organisés par métier (production, logistique, réseau de ventes, administration, etc.) avec des collaborateurs, des médecins, des représentants du CHSCT… Des instructions « pratico-pratiques » sont délivrées avec le sceau du médecin du travail. Le VRP, par exemple, a toute sa routine décrite : prendre sa température avant de sortir de chez lui, s’assurer qu’il possède du gel et des lingettes désinfectantes dans son véhicule… D’un point de vue sanitaire, tous ses rendez-vous et visites sont guidés ainsi que le retour à domicile : désinfecter le volant, aérer la voiture. Toutes les précautions, y compris celles à prendre lorsque l’on prend de l’essence, sont consignées dans ses fiches.

Combien de temps faut-il pour mettre en place un tel plan de prévention ? « Les discussions entre la direction générale et les organisations syndicales ont suivi un circuit beaucoup plus court et direct que d’habitude. Nos échanges avaient lieu sur Internet, grâce à la plateforme Teams. Nous faisions des “open talks”. Pendant deux heures, nous évoquions l’état du business et les mesures préventives à mettre en place. Nous avons tous été très disciplinés, à l’écoute les uns des autres. Ce fut un mouvement collectif. En bref, tout le monde y a mis du sien », s’émeut Blandine Thibault-Biacabe, directrice des ressources humaines de L’Oréal France.

Auteur

  • Irène Lopez