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Les premiers pas de Siemens

Dossier | publié le : 01.04.2001 | V. L.

Le département formation de Siemens France s'est d'abord attelé à la mise en ligne de la gestion de la formation, avant de lancer sa plate-forme d'e-learning. Pas question pour autant de déshumaniser l'apprentissage.

E-learning fait désormais partie du vocabulaire des 10 000 salariés de Siemens France. Avec sa plate-forme, opérationnelle depuis mars 2001 via son intranet, la filiale française du groupe allemand est devenue non seulement pilote pour la formation à distance dans l'ensemble du groupe Siemens, mais aussi l'une des premières entreprises françaises à sauter le pas.

En pariant sur l'e-learning, Siemens France vise deux objectifs. D'abord « nous voulons ouvrir la formation à un plus large public, et notamment à nos salariés nomades (les techniciens de maintenance ou les ingénieurs commerciaux de la division médicale par exemple, NDLR) qui prennent rarement le temps de partir en stage. Et qui, du coup, échappent aux programmes de formation », précise Anne Yoldjian, la directrice du département formation baptisé Qualification et Training. Ensuite le service compte en profiter pour remplir ses caisses. Organisé en centre de profits – en clair, il facture aux différents départements de l'entreprise les programmes qu'il concocte pour eux –, il s'est ouvert aux clients externes en octobre dernier. « Nous comptons ainsi doubler notre chiffre d'affaires (20 millions de francs aujourd'hui) dans les trois années à venir », assure Anne Yoldjian. Et marcher sur les traces du département formation de la maison mère allemande, qui réalise 900 millions de francs de chiffre d'affaires par an. Presque autant que la Cegos.

Avant de concrétiser son projet d'e-learning, Siemens a balisé le terrain. Les premières pierres de l'édifice ont été posées il y a plus de trois ans. « Profitant de l'intranet de l'entreprise déjà existant, nous avons commencé par mettre en ligne la gestion de la formation, explique Anne Yoldjian. En remplaçant le catalogue papier par un catalogue digital. En transformant les tests de langue faxés à la chaîne en quiz automatiques. En nous dotant d'un logiciel permettant de “mouliner” les plans de formation saisis sur informatique par les managers, pour organiser les sessions et envoyer automatiquement par e-mail les convocations à chaque salarié. » Ce mode de gestion fait désormais partie des habitudes de Siemens. Du coup, la majorité des salariés semble accueillir la plate-forme avec indifférence. Pour André Martin, délégué syndical CFDT, « ils ont aujourd'hui pris l'habitude de naviguer sur l'intranet pour consulter le catalogue des formations, s'y inscrire, mais aussi récolter des informations sur le comité d'entreprise ou les congés payés. Le fait de pouvoir dorénavant se former en ligne passe presque inaperçu ».

Un outil idéal pour former vite et mieux

Un phénomène renforcé par le fait que, dans la foulée de l'automatisation de la partie administrative, Siemens avait lancé deux programmes mixant stage traditionnel et formation en ligne, toujours en vigueur aujourd'hui. Lors du séminaire d'intégration, tous les nouveaux embauchés de la filiale française doivent, avant le stage présentiel, répondre à un quiz en ligne d'une trentaine de questions sur Siemens. « Une opération qui les oblige à consulter les différents intranets du groupe, à prendre l'habitude de naviguer sur le Web », résume Nicole de Marqué, responsable marketing du service formation. Et, lors du séminaire proprement dit, leur PC n'est jamais bien loin. Les cadres triés sur le volet du cursus « management learning » se forment eux aussi, en partie, devant leur ordinateur. « Ils doivent réaliser un projet, par groupes de cinq ou six, à distance, explique Nicole de Marqué. Ils ont à leur disposition un espace privé sur l'intranet – l'accès en est protégé par un mot de passe – grâce auquel ils peuvent communiquer, mettre en ligne leurs travaux, partager ou coécrire un document. Un coach, directeur de division ou expert pointu choisi par l'équipe, a accès à l'espace et les accompagne dans la réalisation. »

« Management learning » a tout naturellement trouvé sa place dans la nouvelle plate-forme qui accueille pour l'instant des cours de langue, de bureautique, de management et des programmes dédiés aux responsables des ressources humaines (e-recrutement, e-compétences…). Certains sont des formations maison. D'autres, comme les cours d'anglais et d'allemand, ont été achetés. « Nous bénéficions du soutien de la cellule de veille de notre maison mère, qui analyse l'offre du marché et nous oriente sur les produits favorisant l'efficacité, le pragmatisme, le ludique et l'interactivité », précise Anne Yoldjian.

L'entreprise acquiert des contenus, mais se charge du tutorat. Le service français travaille avec une cinquantaine de formateurs, dont certains sont formés à l'e-training. « Nous disséquons les produits pour intégrer, au bon moment, du tutorat en ligne qui apporte une véritable valeur ajoutée. L'essentiel étant que le salarié progresse vite et bien », précise Anne Yoldjian. Siemens a investi dans un outil de communication, vendu par l'éditeur de technologies de classes virtuelles Centra, qui permet l'accompagnement en ligne par la voix, éventuellement associée à la vidéo via une webcam. « Nous tenons à ce que les apprenants puissent se raccrocher à un formateur, explique Nicole de Marqué. La plate-forme accueille une “salle des profs” où les tuteurs indiquent leurs disponibilités pour un accompagnement individuel ou l'organisation d'une classe virtuelle de quatre à six élèves. »

Car, pas question, en généralisant la formation à distance, de déshumaniser l'apprentissage. Pas question non plus de passer au tout e-learning. C'est d'ailleurs le souhait des salariés. « La formation en ligne est un plus qui permet de gagner du temps. Mais elle ne doit pas remplacer les stages classiques. Le contact direct avec le formateur et les autres stagiaires est important », assure Stéphane Luong, ingénieur support technique au département industrie et délégué CGC. Anne Yoldjian se veut rassurante : « L'e-learning est un moyen pédagogique complémentaire. Il peut suffire pour certaines acquisitions, mais il peut également permettre de raffermir ou d'entretenir une formation présentielle. C'est en tout cas l'outil idéal pour former en même temps, vite et mieux, des milliers de salariés. » Reste qu'il est encore un peu trop tôt pour mesurer la réelle efficacité de l'e-learning à la sauce Siemens.

Auteur

  • V. L.