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Édito

Les femmes et les seniors d’abord

Édito | publié le : 01.02.2020 | Jean-Paul Coulange

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Les femmes et les seniors d’abord

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Il existe, quand on y regarde de près, de grandes similitudes entre la gestion des carrières féminines et celle du parcours des seniors dans les entreprises de l’Hexagone. Beaucoup de beaux discours et d’effets de manche, une quantité de rapports, une succession de réformes, de plans et de mesures d’ordre réglementaire ou législatif, sans que le problème de fond disparaisse : les discriminations de toutes sortes (recrutements, rémunérations, carrières) demeurent chez les femmes, et celles dont sont victimes les salariés qui ont dépassé la cinquantaine – quand ce n’est pas la quarantaine – persistent. Résultat, les écarts de salaires entre hommes et femmes culminent à 40, 50, voire 60 % dans certains secteurs d’activité, selon les travaux d’un chercheur toulousain, Patrice Roussel. Et, concernant les seniors, le taux d’emploi dans la tranche d’âge des 60-64 ans n’est que de 31 % en France, contre 44 % dans l’Union européenne et plus de 51 % dans les pays de l’OCDE.

Longtemps vaccinées aux mesures d’âges pour faire partir les plus de 55 ans, les entreprises françaises ne savent plus quoi faire pour les occuper. Et lorsque le Medef milite depuis des lustres pour que l’âge de la retraite recule à 67 ans, ses adhérents font massivement partir leurs quinquas en usant de tous les outils disponibles sur le marché du (droit du) travail : ruptures conventionnelles, plans de départ volontaires, licenciements pour motif personnel, inaptitude, préretraites maison… L’éclairant rapport piloté par Sophie Bellon, PDG de Sodexo, évoque, à juste titre, des « représentations » vis-à-vis des seniors qu’il préfère qualifier de « salariés expérimentés » et des « transformations de nature culturelle » pour modifier, sur la durée, les pratiques des employeurs et de la société tout entière. Dès lors, même si les rapporteurs ont le mérite de proposer des solutions pratiques, parmi lesquelles la prévention de l’usure professionnelle, l’investissement formation, l’amélioration des transitions et des mobilités professionnelles ou encore la retraite progressive, pourquoi ne pas user aussi du bâton, comme on le fait avec le bonus-malus sur les contrats courts ? En septembre dernier, l’ANDRH a suggéré la création d’un index seniors, calqué sur l’index égalité femmes-hommes progressivement mis en place pour toutes les entreprises de plus de 50 salariés. La peur du gendarme aiderait certainement à accélérer la révolution culturelle que le rapport Bellon appelle de ses vœux.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange