Après six mois passés derrière les barreaux pour une petite histoire de stups, Ulysse, 25 ans, retrouve le monde libre avec l’obligation de prendre en charge sa mère dépressive, Gabrielle, tout en construisant sa propre réinsertion. Face aux factures impayées qui s’accumulent, à la nécessité de trouver une assistante de vie à domicile et à son désir de vivre pleinement sa vie, il n’a qu’une idée en tête : gagner de l’argent, et vite. Lui et son ami David mettent au point un dernier coup : acheter un food truck pour écouler des boissons coupées à la kétamine dans les rave-partys. Mais leur plan ne se déroule pas sans accroc. Si David prend alors conscience qu’il faudrait envisager d’autres perspectives, Ulysse, sans aide sociale, reste quant à lui persuadé que c’est l’unique solution pour s’en sortir. Enfermé dans le cercle vicieux de ses activités illicites et de ses relations chaotiques, il continuera, tout du long, d’agir avec détermination et ténacité.

Avec « K Contraire », Sarah Marx dessine le portrait poignant d’une génération « no future ». Déterminée à redonner une dignité à ces jeunes perdus, la réalisatrice française nous montre que ce sont les situations de précarité, les cellules familiales fragiles et l’absence d’horizon professionnel qui poussent à sortir du droit chemin. Alors que l’inspiration lui est venue après avoir suivi pendant un an une troupe de théâtre dans une prison, son passé de documentariste confère à cette histoire un réalisme brut qui n’est pas exempt d’une certaine poésie humaine. Dès les premières minutes, la mise en scène, les caractères des personnages et les dialogues coécrits avec les rappeurs Ekoué Labitey et Hamé Bourokba sonnent juste et authentique, sans jamais tomber dans le pathos ou dans la caricature. Si, en filigrane, ce drame provocateur, sombre et original interroge les problématiques de l’inégalité des chances, de la dépendance et de la récidive, c’est d’abord et avant tout un hymne à l’amour d’un fils pour sa mère.

Film de Sarah Marx (1h23). Sortie le 22 janvier