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Idées

Les âges de notre vie

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.12.2019 | Gilles Gateau

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Les âges de notre vie

Crédit photo Gilles Gateau

L’âge des révoltes ?

À l’heure où vous lirez ce bloc-notes, nous serons en pleine « veillée d’armes », à l’orée de la « mère des batailles » que promettent certains : celle des retraites. La question n’est pas de savoir si le 5 décembre sera une journée de mobilisation massive – tout laisse à penser qu’elle le sera – mais ce qui se passera le 6, et au-delà…

À moins que le Gouvernement n’ait mis d’ici là un gros coup d’extincteur : le fameux droit du grand-père… Enfin, de certains grands-pères, et tout le problème est là : comment éviter que le « deux poids-deux mesures » ne braque les autres qui se sentiront floués, car il y aura aussi parmi eux des « perdants » de la réforme… On comprend les hésitations de l’exécutif : comment ne pas tuer une belle idée – une réforme systémique de justice, qui devrait être consensuelle – en voulant aller trop vite… ou trop lentement !

La crise des « gilets jaunes » a laissé des traces : personne ne peut vraiment prédire si le feu va prendre, et où. Il peut aussi venir d’une autre étincelle, dans la jeunesse par exemple… On ne peut qu’être frappé, en levant les yeux au-delà de nos frontières, par la vague de mouvements populaires qui secoue la planète, de Hongkong à l’Algérie, du Chili au Liban ou en Bolivie. Au-delà des singularités, leurs points communs (dénonciation des inégalités, rejet des dirigeants, refus du « système ») doivent nous faire réfléchir, trente ans après la chute du mur de Berlin qui devait marquer la victoire finale du marché et de la démocratie libérale : c’est plus qu’un signal faible.

L’âge des grands-pères (et des grands-mères)

Pour revenir à nos grands-pères et grands-mères, que nous deviendrons ou sommes déjà devenus, toucher une retraite c’est essentiel, mais cela ne suffit pas. Quand arrive le grand âge, d’autres besoins s’imposent. Il serait bon de s’y intéresser davantage, collectivement et pas seulement dans les solidarités familiales ou dans les assurances individuelles, en s’occupant de ceux – souvent celles – qui prennent soin quotidien du grand âge. C’est le grand mérite de l’excellent rapport de Myriam El Khomri sur la revalorisation de ces métiers, métiers d’avenir ô combien utiles, mais si mal considérés.

L’âge des index ?

Avant le temps du grand âge, il y a le temps des seniors dans l’entreprise… Pas nouveau comme problématique, mais ça bouge dans les statistiques depuis dix ans : même si la France fait toujours partie des pays de l’OCDE où le taux d’emploi des seniors est le plus faible, nous sommes désormais dans la moyenne pour les 55-59 ans (« presque » fini, les départs anticipés). Mais après 60 ans ? Là, le bât blesse, et l’allongement de la vie professionnelle (43 annuités, demain davantage ? Bonjour les cadres !) semble périlleux, confronté au « cocktail explosif » – comme l’appelle l’ANDRH – de la réforme de l’assurance-chômage et de celle des retraites. Pourtant, c’est bien dans les entreprises que nous devrons inventer des solutions, avec les partenaires sociaux et avec les salariés eux-mêmes. Voilà, comme pour l’égalité femmes-hommes, un vrai beau chantier d’innovation sociale !

Besoin d’un nouvel « index » pour cela ? Si nous ne parvenons pas collectivement à faire bouger les lignes sans le « doigt de Dieu » (comprenez de l’État) sur nos pratiques RH, c’est que nous ne sommes pas encore dans l’âge mûr !

Un nouvel âge jeune ?

Et les jeunes ? Pour terminer, une phrase à méditer tirée du dernier petit opus de Jean Viard, « Un nouvel âge jeune ? » (à lire !) : « La nouvelle génération, comme la vie a continué de croître, ne prend-elle pas plus de temps pour “faire grand” ? L’âge auquel arrive le premier bébé, 30 ans et deux mois, n’en est-il pas le signe ? Plutôt qu’une longue retraite, à laquelle cette génération ne croit plus guère, si on commençait par une longue jeunesse ? »

Auteur

  • Gilles Gateau