Depuis l’été, la question déchire le pays, qui est aujourd’hui l’un des plus laborieux au monde. Car ici, on travaille 45 heures par semaine, soit en moyenne 260 heures de plus par an que les autres salariés de l’OCDE. Une situation inacceptable pour la députée communiste Camila Vallejo, qui a déposé en août dernier un projet de loi au Parlement visant à fixer la durée du travail à 40 heures hebdomadaires. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet dérange. Le ministre du Travail, d’obédience très libérale, l’a qualifié d’« anticonstitutionnel ». Et la droite chilienne a entrepris de semer la terreur dans les chaumières. « Que dira-t-on aux pompiers en train d’éteindre des incendies ? Que leur journée est terminée ? » a ainsi osé le député de la majorité présidentielle Patricio Melero, tandis que le ministre du Travail (encore lui) agitait le pire des spectres : le Chili ne pourrait pas participer à la prochaine Copa America de football, puisque la proposition de loi déposée par Camila Vallejo ne prévoit aucune exception à la règle (des 40 heures), même pour les joueurs. Tout en continuant de hurler au loup, le Gouvernement Piñera a pourtant pris acte de ce projet et en a même proposé un de rechange : une nouvelle loi travail avec 41 heures hebdomadaires… mais entendues sur une base flexible et annualisable. Si le Parlement n’a, à ce jour, examiné aucun des deux projets, il semblerait que l’on puisse d’ores et déjà affirmer sans mentir que les Chiliens vont bientôt travailler moins.

Source : El Mercurio.