Être vieux aujourd’hui « ne veut absolument rien dire. On est tous le vieux de quelqu’un », déclarait Serge Guérin, sociologue expert des enjeux du vieillissement, à « CFDT Magazine » en juin 2019. Pourtant, il existe des inégalités dans l’emploi liées au vieillissement (freins à l’embauche, faible taux d’accès à la formation, etc.), qui posent d’autant plus problème que l’âge de départ à la retraite recule. Pour les statisticiens tels que l’Insee ou la Dares, la « seniorité » commence à 50 ans ou à 55 ans. Tandis que pour les responsables du recrutement en entreprise, on deviendrait senior de plus en plus jeune : 55 ans en 2013, 50 ans en 2016. En 2018, 40 % d’entre eux citent l’âge de 45 ans, selon le baromètre de l’association À compétence égale, intitulé « Les seniors et l’accès à l’emploi ».

La part des 50-64 ans dans le total des actifs est passée de 16 % en 1996 à 28 % en 2016, selon l’Insee, en raison des restrictions d’accès aux dispositifs de cessation anticipée d’activité, du recul de l’âge de départ à la retraite et de l’allongement de la durée des études. En dix ans, cette catégorie d’actifs a augmenté d’environ 1,9 million de personnes. Ce changement entraîne de multiples conséquences au sein même des organisations : sur la santé au travail, sur les représentations liées à l’âge, ou encore sur la transmission du savoir des seniors vers les plus jeunes.

Dans son étude « Les seniors et l’emploi : une situation paradoxale », l’association Nouvelles solidarités face au chômage formule plusieurs propositions. Notamment :

> Favoriser la formation des seniors, car seuls 39,6 % des 55-59 ans et 34,4 % des 60-64 ans y accèdent, contre 50 % à 60 % pour toutes les tranches d’âge quinquennales de 25 à 49 ans. Les cursus peuvent être différenciés en fonction de l’expérience et d’une pédagogie adaptée.

> Aménager les conditions de travail, par exemple en repérant dans l’organisation les emplois susceptibles d’être mieux assurés par des profils seniors, en travaillant sur l’ergonomie des postes, et en prévenant la pénibilité.

> Favoriser la « retraite progressive », qui existe déjà, et qui consiste à exercer une activité à temps partiel, tout en percevant une partie de sa pension retraite. L’assuré continue ainsi à cotiser et à valider des trimestres, qui seront pris en compte au moment de la liquidation définitive de sa retraite.

62,7 ans pour les hommes et 64,1 ans pour les femmes, c’est l’espérance de vie en bonne santé en 2016, selon une étude de la Drees de janvier 2018.