Connu pour sa critique du néolibéralisme, Joseph E. Stigtilz reprend la plume dans ce livre politique et économique, où il appelle à en finir avec la flambée des inégalités aux États-Unis. Très critique envers la politique de Donald Trump, l’ex-conseiller de Bill Clinton et prix Nobel de l’économie dresse un long réquisitoire contre les plaies qui gangrènent son pays et l’Occident. L’économie de la rente, la toute-puissance des marchés et des multinationales ne peuvent plus durer : « Le pouvoir des grandes entreprises leur permet d’acheter le pouvoir politique afin qu’il légifère selon leurs désirs, et non dans l’intérêt du peuple. Mais ce dernier n’en peut plus », alerte l’économiste. Il s’inquiète de la montée « des démagogues », qui octroient des réductions d’impôts aux grands groupes réalisant des profits record, alors que ces derniers « exploitent leur personnel », les salaires stagnant aux États-Unis. Un portrait sombre d’une mondialisation « où les écarts de richesses sont devenus insoutenables ». Au-delà des lois antitrust nécessaires mais « insuffisantes », Joseph E. Stiglitz livre des propositions pour changer de modèle aux États-Unis, prônant une répartition des richesses plus équitable. Il appelle au rôle central de l’État en matière de « justice sociale, basée sur l’égalité des chances ».

Une vision inspirée des pays scandinaves, entre forte protection sociale et politique industrielle pour prendre le virage du numérique ou de l’écologie.

Joseph E. Stiglitz, Les Liens qui libèrent, 416 pages, 24 euros.