Comment ouvrir son supermarché le dimanche quand le Code du travail interdit aux grandes surfaces d’employer du personnel après 13 heures, excepté en zone touristique ? En contournant la loi… comme l’a fait le supermarché Casino d’Angers, le 25 août dernier. Ce jour-là, les employés de la grande surface ont effectivement quitté leur poste à l’heure du déjeuner. Mais ils ont aussitôt été « remplacés » par une armada de caisses automatiques, surveillées de très près par un groupe de prestataires composé d’hôtesses et de vigiles. Contrairement aux salariés du groupe Casino, ces prestataires du dimanche après-midi n’ont pas le droit aux majorations (qui s’élèvent à 50 %) prévues par l’enseigne en cas de travail dominical et ont donc permis à Casino de défier la loi, à moindres frais. Face à la levée de boucliers des syndicats, CGT en tête, et alors que l’ouverture de ce supermarché a été perturbée par une délégation de 200 manifestants, parmi lesquels on comptait de nombreux « gilets jaunes », le groupe Casino a assuré être « dans les règles ». Et évoqué la concurrence du commerce en ligne (accessible 24 heures sur 24) pour justifier son audace. Confrontée à un contexte global de stagnation de la consommation, la grande distribution parie de plus en plus sur le commerce dominical. Selon l’institut Nielsen, les ventes réalisées ce jour-là (principalement le matin, comme la loi l’autorise… mais aussi, partiellement, l’après-midi) ont ainsi représenté 41 % de la croissance de la grande distribution depuis le début de l’année. Le Gouvernement, sommé de se prononcer sur la légalité du tour de passe-passe de Casino, n’a pas encore statué. En attendant, les caisses automatiques, comme les prestataires du dimanche, n’en finissent pas de turbiner.