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Demain, aurons-nous tous des « bullshit jobs » ?

Actu | Repères | publié le : 01.10.2019 |

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Avez-vous le sentiment de faire un travail utile ?

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Une critique basée sur de nombreux témoignages

David Graeber constate une prolifération de jobs « à la con », dans son fameux livre « Bullshit jobs » (2018, Les Liens qui libèrent), un emploi qu’il définit comme « totalement inutile, superflu ou néfaste », pour lequel « même le salarié ne parvient pas à justifier son existence ». Il ne s’agit pas d’emplois pénibles et ingrats, mais de métiers de haut niveau de qualification (consultant juridique, expert en stratégie d’image) ou qui perdent de leur sens (les infirmières qui croulent sous les tâches administratives, par exemple). L’auteur s’appuie sur 250 témoignages recueillis depuis Internet, et donc sur la subjectivité de nombreux salariés qui évoquent leurs propres fonctions, mais aussi celles des autres. Les débats qu’il provoque portent notamment sur l’ampleur du phénomène.

Les travailleurs français se sentiraient utiles

Les données sur l’utilité des métiers sont contradictoires. David Graeber cite un sondage britannique de l’institut YouGov (2015). À la question « Votre travail apporte-t-il quoi que ce soit d’important au monde ? », 37 % des personnes interrogées ont répondu par la négative. Pas suffisamment convaincant pour la chercheuse Christine Erel, professeure au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), qui mobilise des études jugées plus robustes dans « La vie des idées ». Ainsi, 89 % des travailleurs français estiment leur travail utile selon l’enquête de l’agence de l’UE Eurofound (2015).

Trois nuances de la qualité du travail

L’utilité n’est qu’un des nombreux aspects de la qualité d’un emploi, dont on peut trouver d’autres définitions.

> Les « good jobs » : selon un article du « New York Times », citant une étude de la Réserve fédérale américaine en mai 2019, ce sont tout simplement les métiers les mieux rémunérés, c’est-à-dire davantage que le salaire médian.

> La Qualité de vie au travail (QVT) : elle désigne les « actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale des entreprises, d’autant plus quand leurs organisations se transforment », selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

> Les « boulots de merde » : pour David Graeberg, ce sont des emplois utiles mais qui pâtissent de leur pénibilité, voire de leur dangerosité, tels que celui de technicien de surface, qui nécessite notamment la manipulation de produits chimiques. Sans eux, les entreprises et les administrations ne pourraient pas fonctionner.

19 %

des salariés du privé et 20 % d’agents du public estiment qu’ils ne se sont pas élévés aussi haut socialement que leurs parents.

Source : Magali Flachère et Erwan Poulique, ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique, janvier 2015.